19/03/2024

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Proche-Orient : Le crime d’état contre le scientifique Iranien, qui va mettre le feu à la région

AFP – L’assassinat d’un scientifique iranien du nucléaire, attribué à Israël, risque d’attiser les tensions dans la région et de compliquer la tâche du président élu américain Joe Biden, qui a signalé son intention de reprendre le dialogue avec Téhéran.

L’Iran a accusé vendredi Israël d’avoir voulu semer le « chaos » en tuant Mohsen Fakhrizadeh, 59 ans, un scientifique de haut rang du programme nucléaire iranien, laissant entendre que l’Etat hébreu a agi avec la bénédiction des Etats-Unis.

Washington n’a pas commenté officiellement cette opération, mais le président sortant Donald Trump a retweeté un article et des commentaires sur l’affaire.

M. Trump a sorti son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, au nom d’une politique de « pression maximale » contre l’Iran, que son gouvernement est déterminé à appliquer jusqu’à la fin de son mandat.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui vient d’effectuer une visite en Israël, a encore imposé vendredi de nouvelles sanctions économiques contre quatre sociétés chinoises et russes accusées d’avoir soutenu le développement du programme nucléaire iranien.

« Cette administration est là jusqu’au 20 janvier » et « elle continuera à mettre en oeuvre ses politiques jusqu’à la fin », a assuré récemment un haut responsable du département d’Etat, qui a requis l’anonymat.

« J’espère que ce rapport de forces favorable que l’administration tente tellement d’obtenir », le prochain gouvernement américain « en fera bon usage pour pousser les Iraniens à se comporter comme un pays normal », a-t-il ajouté.

– « Sabotage de la diplomatie » –

Mais pour la plupart des analystes américains, l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh est dangereux et affaiblit la position de Joe Biden qui, désireux de rompre avec l’unilatéralisme de Donald Trump, a dit vouloir offrir « à l’Iran une voie crédible de retour à la diplomatie » en vue d’une réintégration des Etats-Unis à l’accord sur le nucléaire iranien.

Pour John Brennan, ancien patron de la CIA, c’est un « acte criminel et extrêmement dangereux », qui risque d’entraîner des « représailles létales et une nouvelle phase de conflit régional ».

M. Brennan, qui était à la tête de l’agence de renseignement américaine de 2013 à 2017, sous la présidence de Barack Obama et alors que Joe Biden était vice-président, a exhorté l’Iran à « résister à l’envie » d’exercer des représailles et d’attendre « le retour de dirigeants américains responsables sur la scène internationale ».

Alors que les Etats-Unis ont envoyé dans le Golfe le porte-avions USS Nimitz, tout en assurant que cela n’avait rien à voir avec l’assassinat du scientifique iranien, l’Allemagne a mis en garde samedi contre « une nouvelle escalade de la situation » tandis que les Nations unies ont exhorté les parties « à la retenue ».

« A quelques semaines de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement aux Etats-Unis, il s’agit de conserver les marges existantes de dialogue avec l’Iran afin de pouvoir régler par la négociation le conflit sur le programme atomique iranien », a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand.

Un avis partagé par Ben Friedman, professeur à la George Washington University, pour qui cet assassinat « aidera probablement l’aile dure en Iran qui veut des armes nucléaires ». C’est aussi « un acte de sabotage visant la diplomatie et les intérêts des Etats-Unis », a-t-il tweeté.

« C’est une action scandaleuse, destinée à saper les relations diplomatiques entre un nouveau gouvernement américain et l’Iran », a estimé pour sa part Ben Rhodes, ancien conseiller diplomatique de Barack Obama. « Il est temps que cette escalade continue cesse ».

Certains pourtant voient dans cette opération un levier que le gouvernement Biden pourrait utiliser dans d’éventuelles discussions avec Téhéran.

« Il reste encore deux mois avant que Joe Biden prenne ses fonctions », a noté Mark Dubowitz, directeur du centre de réflexion conservateur Foundation for Defense of Democracies. « C’est bien suffisant pour que les Etats-Unis et Israël infligent des dommages sévères au régime en Iran et donner des moyens de pression à l’administration Biden ».