19/03/2024

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Proche-Orient: Trump dévoile un plan de paix à géométrie variable

Washington (AFP) – Le président américain Donald Trump a dévoilé mardi son plan de paix pour le Proche-Orient fondé sur une solution à « deux Etats » dans lequel il accorde à Israël nombre de garanties parmi lesquelles la souveraineté sur la vallée du Jourdain.

Ce plan ne « passera pas », a vite réagi le président palestinien Mahmoud Abbas.

« Ma vision présente (…) une solution réaliste à deux Etats », avait auparavant lancé M. Trump, évoquant un projet « gagnant-gagnant » pour Israéliens et Palestiniens mais donnant des garanties inédites à son ami Benjamin Netanyahu. Celui-ci a salué avec force « une journée historique ».

Affichant son optimisme sur le devenir de ce projet « très détaillé », le locataire de la Maison Blanche a estimé qu’il pouvait permettre de faire « un grand pas vers la paix ».

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, enclave palestinienne de deux millions d’habitants séparée géographiquement de la Cisjordanie, a aussi rejeté la proposition américaine.

Parmi les nombreux points sensibles de ce plan, figure l’octroi à Israël de la souveraineté sur la vallée du Jourdain. Cette vaste zone stratégique de la Cisjordanie occupée est « vitale » pour Israël, a martelé M. Netanyahu qui a annoncé que l’Etat hébreu allait « appliquer sa souveraineté ».

Quelques minutes plus tard, l’ambassadeur des Etats-Unis David Friedman s’est fait encore plus explicite, affirmant que l’Etat hébreu pouvait annexer ses colonies « sans attendre ».

Le futur Etat palestinien ne verrait le jour que sous plusieurs « conditions », dont « le rejet clair du terrorisme », a souligné Donald Trump, qui a ensuite tweeté une carte des deux Etats envisagés, avec en particulier un tunnel reliant la Cisjordanie à la Bande de Gaza.

Martelant sa conviction que les Palestiniens méritaient « une vie meilleure », il leur a aussi lancé une mise en garde.

Il a annoncé avoir envoyé une lettre au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas l’exhortant à saisir « une chance historique », et peut-être « la dernière », d’obtenir un Etat indépendant.

« Je lui ai expliqué que le territoire prévu pour son nouvel Etat resterait ouvert et sans développement » de colonies israéliennes « pendant une période de quatre ans », a-t-il précisé.

Jérusalem restera « la capitale indivisible d’Israël », a-t-il par ailleurs assuré, en proposant de créer une capitale de l’Etat palestinien cantonnée dans des faubourgs de Jérusalem-Est.

Pour Robert Malley, ancien conseiller de Barack Obama et président de l’International Crisis Group, le message adressé aux Palestiniens est clair et sans nuances: « Vous avez perdu, il va falloir vous y habituer ».

– « Dernière chance » –

Le gouvernement britannique a estimé que le plan présenté par l’ancien magnat de l’immobilier « pourrait constituer une avancée positive ».

De son côté, la Russie a appelé Israéliens et Palestiniens à « négocier directement ».

L’ancien homme d’affaires de New York, qui se targue d’être un négociateur hors pair, avait confié au printemps 2017 à son gendre et conseiller Jared Kushner, novice en politique, l’épineuse tâche de concocter une proposition susceptible d’aboutir à « l’accord ultime » entre Israéliens et Palestiniens. L’objectif: réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué.

Mais la partie s’annonce très difficile.

Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, avait appelé par avance la communauté internationale à boycotter le projet, contraire selon lui au droit international. « Ce n’est pas un plan de paix pour le Moyen-Orient », a-t-il martelé, jugeant que l’initiative visait avant tout à protéger « Trump de la destitution » et « Netanyahu de la prison ».

Signe que le calendrier est délicat, à un mois de nouvelles élections en Israël où Benjamin Netanyahu est aux prises avec une inculpation pour corruption, le locataire de la Maison Blanche a aussi reçu lundi son principal opposant, Benny Gantz.

– « Accord du siècle » –

Mais c’est avec « Bibi » qu’il a choisi d’apparaître devant les caméras, et le Premier ministre israélien, qui se rendra dès mercredi à Moscou pour informer le président russe Vladimir Poutine des détails du plan, n’a pas dissimulé son enthousiasme.

« Monsieur le président, votre accord du siècle est la chance du siècle », a-t-il lancé depuis la Maison Blanche.

Dimanche, Saëb Erekat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), avait indiqué à l’AFP qu’il se réservait le droit de se retirer des accords d’Oslo, qui encadrent leurs relations avec Israël.

Aux termes de l’accord intérimaire dit d’Oslo II de septembre 1995 entre l’OLP et Israël, la Cisjordanie avait été partagée en trois zones: A, sous contrôle civil et sécuritaire palestinien, B, sous contrôle civil palestinien et sécuritaire israélien, et C, sous contrôle civil et sécuritaire israélien.

Or le plan de Donald Trump « va transformer l’occupation temporaire en occupation permanente », a dénoncé Saëb Erekat.

Selon la Maison Banche, le projet propose un Etat palestinien « démilitarisé ».