21/11/2024

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Macron ouvre le dossier du massacre de la rue Ben M’hidi à Alger en 1962

Rue d'Isly 1962

Dans une première pour un président français, Emmanuel Macron a admis que le fait que des soldats français ont tiré sur des civils non armés à Alger en 1962 était un acte “impardonnable”. Il a également reconnu un deuxième massacre à Oran la même année et a appelé à l’ouverture d’un processus de réconciliation.

Macron a reconnu les deux événements brutaux survenus en Algérie lors d’un rassemblement à l’Elysée mercredi. Étaient présents des personnes d’origine française qui ont été rapatriées après l’indépendance de l’Algérie.

Il a déclaré que la fusillade de dizaines de partisans européens de l’Algérie française rue d’Isly au cœur d’Alger le 26 mars 1962 était “impardonnable pour la république”.

“Ce jour-là, des soldats français, mal commandés et déployés contre leur gré, ont tiré sur des Français… Ce jour-là, c’était un massacre”, a reconnu Macron.

Au moins 50 personnes ont été tuées lorsque des soldats français ont tiré sur des civils non armés qui manifestaient pour la présence continue de la France en Algérie .

Le massacre a eu lieu peu de temps après la signature des accords d’ Evian , qui ont mis fin à la guerre d’Algérie, qui a duré de 1954 à 1962, tuant 500 000 personnes et ouvrant la voie à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962.

Elle marque le début de l’exode massif des “pieds-noirs” – terme désignant les colons français en Algérie – qui doivent quitter l’Afrique du Nord pour la France métropolitaine.

Il faut affronter l’histoire
Macron a également déclaré qu’il était nécessaire que la France reconnaisse le massacre qui a eu lieu le jour de l’indépendance, le 5 juillet 1962 à Oran, où des centaines d’Européens ont été tués, principalement des Français.

“La vérité doit être révélée et l’histoire transmise”, a déclaré Macron, ajoutant que toutes les archives françaises couvrant la période de la guerre d’Algérie pour l’indépendance pouvaient désormais être consultées librement par le public.

“Je me rends compte qu’un discours ne répare pas 60 ans d’injustice… mais aujourd’hui je propose quelques mots pour montrer la reconnaissance de ces drames que la république n’a jamais exprimés auparavant.”

La voie qu’il nous faut maintenant suivre est celle de la “réconciliation”, avec la communauté pied-noir, qui compte quelque 5 à 6 millions de personnes en France.

Parmi les invités invités à la cérémonie figuraient le réalisateur Alexandre Arcady et l’actrice Françoise Fabian, ainsi que des descendants des familles rapatriées.

“Les propos du président étaient touchants, je les ai trouvés honnêtes, sincères”, a déclaré le maire de Béziers, Robert Ménard, né à Oran et qui soutient la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen lors des prochaines élections présidentielles en France.

“Nous, les pieds-noirs, avons besoin d’entendre ce genre de mots, ceux que nous n’avons jamais entendus auparavant.”

Pardon, réparations
Jean-Félix Vallat, président de l’Association des agriculteurs français d’Afrique du Nord, s’est dit “satisfait” des efforts de Macron, mais a ajouté que le président “devait aller plus loin”.

Cependant, le “Jeune Pied NoirLe mouvement de jeunesse s’est montré critique, écrivant dans un communiqué que le geste de Macron était “stupide et négligent”, fustigeant son concept “irréaliste” de “souvenirs partagés”.

Lors du même événement mercredi, Macron a de nouveau demandé pardon aux Harkis, des soldats algériens qui ont combattu dans l’armée française et qui ont ensuite été abandonnés par l’État.

Au début de la semaine, le Sénat a adopté en première lecture un projet de loi visant à officialiser ce processus et à tenter d’établir des réparations pour les souffrances de milliers deharkisqui ont reçu des logements “inadmissibles” lors de leur rapatriement en France à la fin de la guerre d’Algérie.

Premier dirigeant français né après l’ère coloniale, Macron s’est donné pour priorité de tenir compte du passé et de forger une nouvelle relation avec les anciennes colonies.