NAIROBI / DAKAR (Reuters) – Les Nations Unies prévoient de mettre fin à leur mission de maintien de la paix d’une décennie au Mali le 30 juin et retireront tout le personnel dans les six mois, selon un projet de résolution du Conseil de sécurité proposé par la France et vu par Reuters.
Le retrait de la mission de 13 000 hommes, connue sous le nom de MINUSMA, interviendrait après des années de tensions entre l’ONU et la junte militaire malienne qui ont atteint leur paroxysme ce mois-ci lorsque le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a demandé à la force de partir “sans délai”.
Cela signifierait un arrêt brutal d’une mission qui a été entravée par les restrictions gouvernementales depuis que le Mali s’est associé au groupe de mercenaires russes Wagner en 2021. La mission de l’ONU est reconnue pour avoir joué un rôle vital dans la protection des civils contre une insurrection islamiste qui a tué des milliers de personnes.
Les experts craignent que la situation sécuritaire ne s’aggrave au départ de la mission, laissant l’armée malienne sous-équipée seule avec environ 1 000 combattants Wagner pour combattre les militants qui contrôlent des pans de territoire dans le nord et le centre du désert.
Les opérations de Wagner ont également été remises en question, après que le groupe a organisé une mutinerie avortée chez lui en Russie samedi. Son patron Yevgeny Prigozhin a déclaré que le groupe avait été autorisé à opérer depuis la Biélorussie.
En vertu du projet de résolution, le personnel de l’ONU restera jusqu’à la fin de l’année pour permettre une transition, mais pendant cette période, les activités de la MINUSMA seront réduites, y compris le soutien clé qu’elle fournit aux soldats maliens.
“Le Conseil de sécurité (…) décide de mettre fin au mandat de la MINUSMA à compter du 30 juin 2023”, indique le projet de résolution distribué aux États membres du Conseil la semaine dernière. La MINUSMA “maintiendra son personnel jusqu’au 31 décembre 2023, pour planifier et exécuter la cessation des opérations et le transfert des tâches”.
Le texte a été confirmé par deux responsables de l’ONU et un expert en sécurité. Un projet de résolution pourrait encore être modifié avant sa publication, mais deux des sources ont déclaré qu’elles s’attendaient à ce qu’aucun changement ne soit apporté.
Les 15 membres du Conseil de sécurité doivent voter jeudi.
Pour être adoptée, la résolution a besoin d’au moins neuf votes favorables et d’aucun veto de la part de la Russie, de la Chine, des États-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France.
La Russie, avec ses mercenaires opérant au Mali, et la Chine, alliée de Moscou, ont longtemps été considérées comme sceptiques à l’égard de la MINUSMA.
Le soutien à la mission a commencé à refluer des pays occidentaux depuis 2021, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Suède annonçant qu’elles retireraient leurs troupes. La France avait une force distincte au Mali, mais l’a retirée l’année dernière après des désaccords avec le gouvernement.
Un porte-parole de la MINUSMA s’est refusé à tout commentaire. Les autorités maliennes n’ont pas répondu à une demande de commentaire.
Un porte-parole des opérations de maintien de la paix de l’ONU a déclaré : “sous réserve de la décision du Conseil de sécurité, les Nations unies sont prêtes à travailler avec les autorités maliennes sur un plan de sortie de la MINUSMA”.
Il a indiqué que des discussions internes étaient en cours.
UNE FIN SOUDAINE
La MINUSMA a été lancée en 2013 après que des rebelles séparatistes et des insurgés liés à Al-Qaïda aient occupé le nord du Mali. Les troupes françaises ont forcé les militants à battre en retraite mais ils se sont regroupés. Le Mali est depuis devenu l’épicentre d’un mouvement violent qui s’est propagé à travers l’Afrique de l’Ouest et a forcé des millions de personnes à fuir.
Plus de 170 soldats de la paix sont morts au combat, faisant de la MINUSMA la mission de combat en cours la plus meurtrière de l’ONU.
L’ONU devait prolonger son mandat d’un an ce mois-ci, avant que le Mali ne lui demande de partir.
La force a été critiquée par les chefs militaires du Mali, qui ont consolidé le pouvoir après deux coups d’État en 2020 et 2021, et par des civils, pour ne pas avoir fait plus pour endiguer l’effusion de sang.
L’ONU s’est plainte à plusieurs reprises que les restrictions sur les mouvements de troupes et d’avions l’avaient empêchée de remplir son mandat, y compris d’enquêter sur les violations présumées des droits de l’homme par Wagner et l’armée malienne, allégations qu’elles nient.
Pourtant, de nombreux pays africains voulaient que la MINUSMA reste et même augmente ses effectifs, ont-ils déclaré lors de discussions cette année.
Il a protégé des villes telles que Gao et Tombouctou qui sont encerclées par des militants, a assuré des évacuations médicales pour les soldats maliens et a transporté des représentants du gouvernement à travers le pays pour éviter de conduire dans les zones de conflit.
Il a coordonné des pourparlers entre des groupes armés rivaux dans le nord à la suite d’un accord de paix de 2015 connu sous le nom d’Accords d’Alger, qui, selon les signataires, pourrait échouer, et a aidé à organiser des élections présidentielles prévues pour l’année prochaine qui, espère-t-on, verront un retour à un régime civil.
Selon le projet de résolution, les opérations seraient réduites à assurer la sécurité du personnel, des installations et des convois de l’ONU. La MINUSMA fournirait des évacuations médicales au personnel de l’ONU.
Dans la mesure du possible, et avec l’autorisation des autorités maliennes, “la MINUSMA est autorisée à répondre aux menaces imminentes de violence contre les civils et à contribuer à l’acheminement sécurisé de l’aide humanitaire dirigée par des civils dans son voisinage immédiat”, indique le projet.
Donner votre avis
Des articles similaires
Relations Chine – États-Unis : mise en garde de Xi Jinping à Joe Biden
Crimes de guerre israéliens : escalade meurtrière à Gaza et au Liban
Israël reconnaît la perte de 6 soldats au Liban et le Hezbollah cible le ministère de la Défense à Tel Aviv