24/04/2024

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Affaire Khashoggi : Pompeo va demander aux Saoudiens que les meurtriers rendent des comptes »

Ryad (AFP) – Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo est arrivé dimanche à Ryad, étape sensible de sa tournée, avec l’intention de demander au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane que tous les responsables du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi « rendent des comptes ».

Le responsable américain, qui est en tournée au Moyen-Orient, effectue sa deuxième visite en Arabie saoudite depuis que le journaliste et critique du pouvoir a été tué au consulat saoudien à Istanbul début octobre 2018, suscitant une vague d’indignation internationale.

Lors d’une rencontre avec le ministre d’Etat aux Affaires étrangères saoudien, Adel al-Jubeir, M. Pompeo a « souligné l’importance pour l’Arabie saoudite de continuer son enquête sur le meurtre (…) afin que tous ceux qui sont responsables rendent des comptes », a indiqué le département d’Etat dans un communiqué.

Laissant entendre que le compte n’y était pas, il a expliqué vouloir s’assurer que Washington « dispose de tous les faits » autour de l’assassinat du journaliste saoudien.

Le procès de 11 suspects s’est ouvert le 3 janvier en Arabie saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d’entre eux. L’administration du président Donald Trump a, de son côté, sanctionné 17 responsables saoudiens.

Cependant, plus de trois mois après le meurtre, le corps de Khashoggi, critique du pouvoir saoudien qui collaborait avec le Washington Post, n’a toujours pas été retrouvé et des zones d’ombre demeurent, dont l’identité du ou des commanditaires de cette opération menée par un commando de 15 agents saoudiens.

Sous pression, les autorités saoudiennes ont fini par admettre que le journaliste avait été drogué et qu’il était mort d’overdose avant que son corps ne soit démembré à l’intérieur du consulat. Elles ont en revanche totalement dédouané le puissant prince héritier.

– Alliance stratégique –

L’affaire a affecté les relations entre les Etats-Unis et le royaume sunnite, pilier traditionnel des alliances régionales de Washington, brouillant le message américain au moment où l’administration Trump tente de bâtir une « coalition » solide contre le pays qu’elle désigne comme l’ennemi commun, l’Iran chiite.

Bien que le Sénat américain, pourtant contrôlé par le camp républicain de Donald Trump, ait clairement imputé au prince héritier la responsabilité du meurtre, le président américain a affirmé vouloir préserver le partenariat stratégique avec le royaume.

Lors de sa précédente visite, au plus fort de l’affaire Khashoggi, ses larges sourires auprès de celui que l’on surnomme « MBS » avaient indigné une partie de la classe politique américaine.

Sur la chaîne américaine Fox News, le secrétaire d’Etat a réaffirmé que les relations américano-saoudiennes restaient « incroyablement importantes pour les Américains ».

Des défenseurs des droits humains ont appelé le secrétaire d’Etat à presser Ryad de libérer des militantes saoudiennes emprisonnées, alors que des ONG internationales affirment qu’elles auraient été torturées et harcelées sexuellement.

« Je suis frappée par un sujet qui n’est pas inclus dans la visite de Pompeo: le sort des courageuses militantes en Arabie saoudite qui sont détenues dans les prisons du royaume juste pour avoir cherché à bénéficier de leurs droits et de la dignité », a écrit Alia al-Hathloul, la soeur d’une de ces femmes emprisonnées dans une tribune publiée dans le quotidien New York Times.

Sa soeur Loujain, qui avait milité pour le droit des femmes à conduire, a été arrêtée en mai comme une dizaine d’autres femmes militante des droits humains. L’interdiction de conduire pour les femmes a été levée en juin.