AFP- Une quinzaine de représentations diplomatiques à Kaboul ont appelé lundi, au lendemain de deux jours de pourparlers infructueux à Doha, les talibans à cesser leur offensive en Afghanistan, laquelle contredit “leur soutien affirmé à un règlement négocié” du conflit.
Dans un communiqué, la délégation de l’Union européenne, du bureau du haut représentant civil de l’Otan en Afghanistan et quinze ambassades majoritairement occidentales, appellent “à la fin urgente de l’offensive militaire en cours des talibans, qui entrave les efforts pour parvenir à une solution négociée au conflit”.
Le texte est également signé par les ambassades d’Allemagne, d’Australie, du Canada, de Corée du Sud, du Danemark, d’Espagne, des Etats-Unis, de Finlande, de France, d’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de République tchèque, du Royaume-Uni et de Suède.
Les talibans se sont emparés de vastes pans de territoires ruraux depuis début mai, faisant craindre qu’ils ne reprennent le pouvoir par la force après la fin du retrait des forces étrangères, prévue d’ici la fin août.
“L’offensive des talibans entre en contradiction directe avec leur soutien affirmé à un règlement négocié du conflit et au processus de paix de Doha”, affirment les représentations diplomatiques, au lendemain d’un nouveau week-end stérile de négociations au Qatar, au point mort depuis leur lancement en septembre.
La mission de l’ONU en Afghanistan (Unama) a, de son côté, appelé lundi le gouvernement afghan et les talibans à un cessez-le-feu “pour permettre à tous les Afghans de célébrer en paix” l’Aïd el-Adha, la fête musulmane du Sacrifice.
“Les parties devraient saisir l’opportunité d’un cessez-le-feu permanent, d’un accord de paix et d’une paix durable, offerte par les pourparlers” de Doha, poursuit l’Unama.
Aucun cessez-le-feu en vue –
A l’approche de l’Aïd, qui commence le 20 juillet pour trois jours, aucun cessez-le-feu n’a pour l’heure été annoncé, alors que les talibans ont décidé plusieurs trêves ces dernières années à l’occasion de fêtes musulmanes, notamment en mai lors de l’Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de ramadan.
Dimanche soir, à l’issue d’un nouveau cycle de négociations au Qatar, les deux parties ont simplement indiqué dans un communiqué s’être accordées sur le besoin de trouver une “solution juste” et de se rencontrer à nouveau “la semaine prochaine”.
Selon le médiateur qatari Moutlaq al-Qahtani les deux camps se sont “à peine mis d’accord” pour tenter “d’éviter des victimes civiles”, bien loin du cessez-le-feu espéré.
Le chef du conseil gouvernemental afghan supervisant le processus de paix, Abdullah Abdullah, a reconnu lundi que “le peuple afghan s’attendait évidemment à bien plus”. “Mais la porte pour des négociations reste ouverte”, a-t-il déclaré à l’AFP, disant espérer des progrès “d’ici quelques semaines”.
Dimanche, le chef des talibans, Hibatullah Akhundzada, a répété, dans un message à l’occasion de l’Aïd el-Adha, rester “résolument favorable à un règlement politique”, “malgré l’avancée et les victoires militaires” des deux derniers mois.
Les rebelles n’ont rencontré qu’une faible résistance des forces afghanes, désormais privées du crucial soutien aérien américain et qui ne contrôlent plus pour l’essentiel que les axes majeurs et les capitales provinciales.
Acquis en danger –
L’offensive des talibans “fait souffrir et déplace la population civile”, soulignent lundi les représentations diplomatiques, dénonçant les “meurtres ciblés incessants à travers l’Afghanistan, la destruction des infrastructures vitales, les menaces, déclarations et autres mesures contre les acquis obtenus par les Afghans ces 20 dernières années, acquis que nous avons fermement soutenus”.
Elles fustigent le “mépris pour l’Etat de droit”, les atteintes aux droits des femmes et des filles et à la liberté d’expression et de la presse dans les zones conquises par les talibans, réfutant les assurances de leur chef , dans son message de l’Aïd, sur le respect de ces principes par un futur “Emirat islamique” au pouvoir à Kaboul.
L’Emirat islamique était le nom du régime taliban, basé sur une interprétation ultrarigoriste de la loi islamique, qui dirigea l’Afghanistan entre 1996 et 2001 et en fut chassé par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, après son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, dans la foulée des attentats du 11-Septembre.
Depuis que Washington a annoncé en 2020 le futur départ définitif des troupes étrangères d’Afghanistan, les talibans tentent d’afficher une image plus moderne et modérée, notamment vis-à-vis de l’étranger.
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