28/03/2024

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Syrie: la coalition anti-EI a tué 1.600 civils à Raqa en 2017

Beyrouth (AFP) – Plus de 1.600 civils ont été tués en 2017 dans la ville syrienne de Raqa durant l’offensive de la coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis contre le groupe Etat islamique (EI), selon un rapport publié jeudi par Amnesty International.

Ancienne capitale de facto de l’ex-« califat » autoproclamé en 2014 par l’EI, la ville de Raqa, dans le nord de la Syrie, a été détruite à près de 80% lors de cette offensive d’envergure de quatre mois qui visait à déloger les jihadistes.

« De nombreux bombardements aériens n’étaient pas précis et des dizaines de milliers de tirs d’artillerie ont été lancés de façon aveugle », a affirmé jeudi Donatella Rovera, conseillère en gestion de crise à Amnesty.

L’organisation a mené cette enquête en collaboration avec Airwars, une ONG recensant les victimes civiles de bombardements aériens dans le monde.

Leurs résultats sont le fruit de mois de recherches sur le terrain et d’analyses de données, dont plus de deux millions d’images satellitaires étudiées par 3.000 volontaires de 124 pays associés au projet, lancé en novembre par Amnesty.

Les auteurs de l’enquête ont exhorté les principaux pays membres de la coalition –parmi lesquels les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France– à faire preuve de plus de transparence et à assumer leurs responsabilités.

« Amnesty International et Airwars appellent les forces de la coalition à arrêter de nier l’ampleur choquante des morts de civils et de la destruction que leur offensive à Raqa a causé », peut-on lire dans le rapport.

« La coalition a admis être responsable de la mort de 159 civils, soit environ 10% du nombre total recensé » de victimes, a déploré Amnesty.

– « Violations du droit international » –

Selon Mme Rovera, le bilan élevé de victimes civiles est notamment lié à des failles du renseignement.

Dans de nombreux cas, des bâtiments résidentiels ont été pris pour cible, tuant des familles entières qui y vivaient ou qui s’y abritaient, a-t-elle déploré.

Leur présence aurait été « détectée » « s’il y avait eu une surveillance adéquate de ces bâtiments », a-t-elle affirmé à l’AFP.

Dans un rapport publié l’an dernier, Amnesty avait indiqué que quelque 30.000 maisons étaient totalement détruites à Raqa et 25.000 partiellement.

La ville reste truffée de mines et plusieurs charniers de l’EI, responsable de multiples exactions, y ont été découverts ces derniers mois.

Le choix des armes durant l’offensive pose également problème, selon l’experte qui a effectué plusieurs visites à Raqa depuis que les Forces démocratiques syriennes (FDS) –une alliance arabo-kurde soutenue par la coalition– a pris le contrôle de la ville en octobre 2017.

« Il existe des missiles, plus coûteux, au rayon d’explosion plus restreint mais la coalition a souvent utilisé (…) de vieilles bombes de type MK qui détruisent des bâtiments entiers. Elles sont beaucoup moins chères », a-t-elle affirmé.

Amnesty a également critiqué l’utilisation intensive des tirs d’artillerie.

« Avec une marge d’erreur de plus de 100 mètres, l’artillerie non guidée est largement imprécise et son utilisation dans des zones peuplées constitue des attaques aveugles », a déclaré l’ONG.

Les chercheurs d’Amnesty ont passé au total environ deux mois sur le terrain. Ils ont enquêté sur les lieux de plus de 200 frappes et interrogé plus de 400 témoins et survivants, a rapporté l’organisation.

Un sous-projet baptisé « Strike Trackers » a permis de déterminer à quel moment chacun des 11.000 bâtiments détruits à Raqa avaient été touchés.