21/11/2024

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Syrie: au moins 14 civils tués dans des raids aériens dans la région d’Idleb

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Sarmine (Syrie) (AFP) – Au moins 14 civils ont été tués dimanche dans des frappes du régime et de son allié russe sur la région d’Idleb, dernier grand bastion dominé par des jihadistes et des rebelles en Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Huit personnes, dont “sept membres d’une même famille”, ont été tuées par “des barils d’explosifs” largués par le régime sur le village de Sarmine, dans la province d’Idleb (nord-ouest).

La moitié de cette province mais aussi des territoires adjacents dans celles d’Alep, Hama et Lattaquié, sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche d’Al-Qaïda. La région abrite aussi d’autres groupuscules jihadistes mais aussi des rebelles anti-régime affaiblis.

Toujours dimanche, deux civils ont été tués dans des raids du régime ailleurs dans la province d’Idleb tandis que quatre autres ont péri dans des frappes russes sur l’ouest de la province d’Alep, ajoute l’OSDH. L’Observatoire détermine l’origine des tirs à partir du type d’avion utilisé, du lieu de la frappe, des plans de vol et des munitions utilisées.

Fort du soutien de Moscou et de l’Iran, le régime syrien a enchaîné ces deux dernières années les victoires contre les rebelles et les jihadistes et contrôle désormais plus de 70% du territoire national, après la reconquête de pans de territoire perdus après le début de la guerre en 2011, selon l’OSDH.

Ces dernières semaines, à la faveur de bombardements meurtriers et de combats au sol, il a grignoté des secteurs dans la région d’Idleb échappant au contrôle de Damas.

A Sarmine, un correspondant de l’AFP a pu voir dimanche des secouristes chercher les corps parmi les ruines d’une maison de deux étages, qui n’est plus qu’un tas de pierres.

Les dépouilles de deux enfants, une enfant de neuf ans et un adolescent de 13 ans, ont été extirpées des décombres, sous les yeux de leur père Abou Fidaa, en pleurs.

La famille a récemment fui le village en raison des violences, mais elle y était brièvement revenue récupérer des affaires, raconte Abou Fidaa, qui a également perdu son épouse.

“Je voulais qu’ils repartent ce matin mais ma femme m’a dit d’aller travailler. Je leur ai envoyé un chauffeur pour les aider à transporter leurs biens”, mais des frappes ont touché la maison, explique ce commerçant, qui a survécu avec trois autres de ses enfants.

Aidés par une pelleteuse déblayant les décombres, les secouristes poursuivaient les recherches pour retrouver les autres victimes, selon le correspondant de l’AFP.

– Journalistes blessés –

Alors que les affrontements au sol se poursuivent entre forces gouvernementales et combattants jihadistes et rebelles, quatre journalistes de télévision ont été blessés dimanche durant la couverture des combats au sud-ouest d’Alep, du côté de l’armée syrienne, a rapporté l’agence officielle Sana.

Les journalistes travaillent pour une chaîne proche des autorités de Damas et deux chaînes iraniennes en langue arabe.

Ils ont été “pris pour cible par les groupes terroristes”, précise Sana, utilisant la terminologie habituelle du régime pour désigner jihadistes et rebelles.

Avec le regain de violence dans la région, plus de 388.000 personnes ont été déplacées depuis début décembre, selon l’ONU.

La Turquie voisine, qui soutient certains groupes rebelles et dispose de troupes stationnées dans le nord-ouest syrien, voit d’un mauvais oeil la progression du régime.

Dimanche, des renforts et des blindés dépêchés par Ankara sont entrés en Syrie pour renforcer les positions turques, ont rapporté un correspondant de l’AFP et l’OSDH.

– “D’Idleb à Berlin” –

Ankara, qui accueille déjà des réfugiés syriens, craint un nouvel afflux vers sa frontière du fait de l’instabilité à Idleb.

Quelques centaines de Syriens se sont rassemblés dimanche à la frontière près de la localité de Harem, pour réclamer un droit de passage, a constaté un autre correspondant de l’AFP.

Des femmes portant des sacs et des valises, des hommes avec des enfants en bas-âge serrés dans les bras ou agrippés à leur dos, ont marché jusqu’au mur surmonté de fils barbelés, sous l’oeil attentif des gardes-frontières turcs.

“D’Idleb à Berlin”, pouvait-on lire sur une grande bannière brandie par les manifestants. “Nos enfants ont le droit à une vie sûre”, est-il écrit sur une autre.

Originaire de la localité de Hass, Mohamed, un déplacé, assure ne pas avoir de refuge pour sa famille de neuf personnes.

“Notre but est d’aller vivre dans un pays sûr, en Turquie ou en Europe. Ici, il n’y a plus de sécurité pour nous”, déplore-t-il. “La situation est insupportable”.

Déclenché il y a bientôt neuf ans, le conflit en Syrie a fait plus de 380.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.