24/11/2024

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Suisse : Un vote sur la Burqa

Burqa suisse

AFP : Le sort de l’initiative pour interdire de dissimuler son visage en Suisse, qui vise les rares femmes qui portent le niqab dans le pays restait incertain dimanche peu après la clôture des bureaux de vote.

Peu après 11H30 GMT, les premières projections de l’institut gfs.bern et celles du Service audiovisuel public suisse donnaient un petit 51% mais avec une marge d’erreur de trois points de pourcentage.

Pour être adoptée, l’initiative anti-burqa doit obtenir la majorité des votes de la population mais aussi emporter la majorité des cantons.

Les deux autres initiatives soumises au scrutin ce dimanche, donnent le oui à un accord commercial avec l’Indonésie (51%) mais rejette l’introduction d’une identité électronique fédérale (65% de non).

Si le oui devait l’emporter pour l’initiative anti-burqa, la Suisse rejoindrait la France, l’Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark en bannissant le voile intégral, après des années de débat.

Le texte proposé par le parti populiste de droit UDC n’évoque ni la burqa – sorte de longue pièce de tissu qui couvre les femmes de la tête aux pieds et munie d’une fente grillagée à hauteur des yeux – ni le niqab, qui couvre entièrement le corps et le visage à l’exception des yeux, mais les affiches de campagne ne laissent pas de doute sur l’intention.

“Stopper l’islamisme radical” ou “Stopper l’extrémisme”, peut-on lire sur les affiches qui montrent des femmes en niqab.

Si le oui devait l’emporter, il sera alors interdit de se couvrir complètement le visage en public, mais des exceptions sont prévues pour les lieux de culte par exemple.

– Contre-proposition –

“En plus d’être inutile, ce texte est raciste et sexiste”, a déclaré à l’AFP Ines El Shikh, porte-parole du collectif de féministes musulmanes “Les foulards violets”.

Pour Mme El Shikh, le projet de loi crée l’illusion d’un problème là où il n’y en a pas et concerne quelques dizaines de femmes seulement.

Sur son compte Twitter, Amnesty Suisse clamait le 5 mars: “plus que deux jours avant la #votation. Peu importe où, mais c’est MAINTENANT qu’il faut voter NON à l’initiative anti-#burqa” emoji coup de poing à l’appui.

“La cible de l’initiative, ce ne sont pas les musulmans, nous ne remettons pas en cause leurs pratiques religieuses”, a affirmé à l’AFP Jean-Luc Addor, le porte-parole du oui et membre de l’UDC. Pour lui, il s’agit de défendre “les valeurs de notre civilisation”.

Le gouvernement fédéral et le parlement s’opposent à cette mesure en arguant que l’initiative s’attaque à un problème qui n’existe pas.

Leur contre-proposition – qui serait immédiatement adoptée en cas d’échec du oui – obligerait les gens à montrer leur visage à partir du moment où les autorités l’exigent à fin d’identification, aux frontières par exemple.

Des amendes allant jusqu’à 10.000 francs suisses (un peu plus de 9.000 euros) peuvent être dressées aux contrevenants.

La très grande majorité des femmes qui portent le niqab sont des touristes. Il n’était pas rare avant la pandémie de coronavirus de les apercevoir dans les boutiques de luxe du centre de Genève ou à Zürich en train d’y faire des emplettes.

– Huile de palme –

La population semble, en revanche, avoir donné son feu vert à un accord commercial avec l’Indonésie.

Le plus grand pays musulman du monde est un immense marché très prometteur, mais c’est l’huile de palme – à la réputation écologique controversée – qui focalise le débat et avait suscité une initiative populaire des opposants.

Signé en 2018 et approuvé par le parlement suisse en 2019, cet accord prévoit l’abolition des droits de douanes sur une grande partie des produits échangés avec l’Indonésie ainsi qu’un ensemble de règles régissant les échanges de services, la propriété intellectuelle et les investissements.

Les opposants fustigent la déforestation, les violations des droits humains et de l’environnement mais aussi les critères de certification de l’huile de palme eux-mêmes, que contient l’accord.

L’introduction d’une identité électronique approuvée par l’Etat fédéral qui aurait permis de faciliter et sécuriser de nombreuses démarches en ligne serait rejetée selon les premières projections.

Les résultats définitfs sont attendus en milieu d’après-midi.