25/11/2024

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Moscou : Plus de 600 arrestations lors d’une manifestation de l’opposition

AFP – La police russe a arrêté samedi plus de 600 manifestants venus réclamer à Moscou des élections libres malgré le durcissement de la répression contre l’opposition ces derniers jours.

Moins d’une semaine après un rassemblement sans précédent depuis le mouvement qui avait accompagné le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, les forces de l’ordre n’ont laissé cette fois aucune chance aux protestataires de participer à cette nouvelle manifestation, non autorisée, devant la mairie de la capitale russe.

Mobilisées en grand nombre, elles ont arrêté massivement les protestataires qui affluaient sur la principale artère de Moscou, l’avenue Tverskaïa, criant “Honte” ou “Nous voulons des élections libres”, et les ont repoussés manu militari vers les ruelles alentour.

L’opposition dénonce le rejet des candidatures indépendantes lors des élections locales du 8 septembre, qui s’annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.


Avec des interpellations, interrogatoires et perquisitions qui ont visé toute la semaine les figures de l’opposition russe, les autorités avaient clairement montré qu’elles répondraient fermement à la montée de la contestation.

L’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, a décompté 648 arrestations vers 16H00 GMT, alors que la manifestation était presque finie. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés avant même son début à 11H00 GMT.

Dans la soirée, des groupes de manifestants ont tenté de bloquer pendant quelques minutes plusieurs rues du centre de Moscou. De nombreux policiers ont aussitôt été dépêchés sur place, faisant échouer le blocus, selon des journalistes de l’AFP.

– “Pas d’armes” –

Plusieurs arrestations ont été violentes, une manifestante ayant notamment été blessée à la tête, selon un journaliste de l’AFP.

“Nous manifestions pacifiquement, nous n’avions pas d’armes (…). Nous ne leur avons donné aucun motif pour des arrestations aussi violentes”, témoignait Anastassia Zabalioueva, 27 ans, qui enseigne le français et l’anglais.

Avant même le rassemblement, plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées samedi matin, telles Ilia Iachine, Lioubov Sobol ou Dmitri Goudkov.

Tous trois ont été relâchés dans la soirée. Mme Sobol s’est vu infliger une amende de 30.000 roubles (426 euros au taux de samedi), alors que MM. Iachine et Goudkov devront comparaître devant un tribunal fin juillet.

Les domiciles et permanences de plusieurs candidats exclus avaient été perquisitionnés par avance et, mercredi, l’opposant numéro un au Kremlin Alexeï Navalny avait été renvoyé en prison pour 30 jours pour des infractions “aux règles des manifestations”.

Ces procédures font suite à l’ouverture d’une enquête pour “entrave au travail de la Commission électorale” de Moscou lors de manifestations mi-juillet. Elles peuvent aboutir à des peines atteignant cinq ans de prison, rappelant les importantes condamnations prononcées lors du mouvement de 2011-2012 contre le retour à la présidence de Vladimir Poutine.

– “Intimider l’opposition” –

Redoutant une “répression massive à venir”, l’ONG Amnesty International a critiqué une “tentative ouverte et sans gêne des autorités russes pour intimider l’opposition”.

En amont du rassemblement de samedi, la police de Moscou a publié une mise en garde aux citoyens et, fait inédit, proposé aux journalistes couvrant l’événement de transmettre leurs identités, augurant de nombreuses arrestations.

Le maire de Moscou Sergueï Sobianine, un proche de Vladimir Poutine, a averti que se préparaient “de sérieuses provocations”.

Exceptionnellement élevée après l’annexion de la Crimée, la popularité de Vladimir Poutine a baissé depuis sa réélection pour un quatrième mandat l’année dernière et les scrutins de début septembre s’annoncent difficiles pour le pouvoir, surtout dans les grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg.

L’enregistrement d’une soixantaine de candidats aux élections du Parlement de Moscou a été rejeté, officiellement en raison de vices dans la collecte des signatures nécessaires pour se présenter.

Des participants indépendants exclus du scrutin ont dénoncé des irrégularités fabriquées selon eux de toutes pièces et accusé le maire de vouloir étouffer l’opposition.