05/12/2024

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Mongolie: un avion turc retenu après une tentative d’enlèvement présumée

Oulan-Bator (AFP) – La Mongolie a empêché le décollage d’un avion soupçonné d’appartenir à l’armée de l’air turque, après une tentative d’enlèvement sur son sol d’un homme lié au mouvement Gülen, qualifié de terroriste par Ankara –à l’heure où la Turquie traque les partisans présumés de ce groupe à travers le monde. Selon plusieurs amis et témoins, au moins cinq hommes ont kidnappé Veysel Akcay vendredi matin dans sa demeure à Oulan-Bator, avant de le jeter dans un minibus.

Ce directeur d’une école en Mongolie, âgé de 50 ans, est réputé être lié à Fethullah Gülen, prédicateur musulman exilé aux Etats-Unis et auquel Ankara impute le putsch manqué de juillet 2016 en Turquie. Plusieurs enseignants, interrogés par l’AFP, ont toutefois nié toute connexion entre les deux hommes.

Son absence à son travail a avivé l’inquiétude de ses proches, selon la police, au moment même où ses ravisseurs présumés le conduisaient à l’aéroport international Gengis-Khan d’Oulan-Bator.

Là, un petit avion de passagers avait atterri aux alentours de 01H00 locales (05h00 GMT). D’après le site flightradar24.com, qui suit en temps réel les positions d’avions, il est utilisé par l’armée de l’air turque.

Des tractations de plus de huit heures ont alors démarré entre les ravisseurs présumés et les autorités mongoles, qui ont refusé d’autoriser le départ de l’avion avant de convoquer les responsables de l’ambassade de Turquie.

Des parlementaires et plusieurs centaines de manifestants se rassemblaient par ailleurs à l’aéroport pour réclamer la libération de M. Akcay.

Battsetseg Batmunkh, vice-ministre des Affaires étrangères, a prévenu les responsables de l’ambassade que toute tentative d’enlèvement sur le territoire mongol constituait une « violation grave de l’indépendance et de la souveraineté » du pays.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a cependant nié ces accusations au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue Tsogtbaatar Damdin, selon le ministère mongol des Affaires étrangères.

Pas de quoi convaincre certains responsables: « Nous sommes une nation indépendante. Pensez-vous que quelqu’un peut pratiquer des enlèvements dans notre pays? », a réagi sur Twitter le parlementaire Baasankhuu Oktaybri.

– Liens bilatéraux sous pression? –

L’avion turc a finalement décollé à 09H25 locales sans M. Akcay, selon un responsable des transports en Mongolie sur Twitter.

M. Akcay, après avoir été entendu par la police et s’être soumis à des tests médicaux, est réapparu en public dans la nuit de vendredi à samedi.

Sortant d’un hôpital d’Oulan-Bator, il a simplement remercié les personnes l’ayant soutenu et indiqué « ne pas connaître » ses ravisseurs.

Immense pays peuplé de trois millions d’habitants, la Mongolie fait figure d' »oasis de démocratie », selon une expression de l’ex-secrétaire d’Etat américain John Kerry, en étau entre Chine et Russie, deux régimes aux inclinations autoritaires.

Or, l’affaire pourrait mettre Oulan-Bator sous pression et « provoquer une crise diplomatique entre la Turquie et la Mongolie, empoisonnant une relation bilatérale devenue très active » depuis une dizaine d’années, a commenté Julian Dierkes, professeur expert du pays à l’Université de Colombie Britannique (Canada).

L’agence d’aide internationale turque « a de multiples projets en Mongolie, et de nombreux étudiants mongols fréquentent des université en Turquie », des dynamiques qui pourraient être « menacées », estime-t-il.