PARIS/BRUXELLES (Reuters) – Corruption, obstruction aux efforts de formation d’un gouvernement, mauvaise gestion financière et violations des droits de l’homme: l’Union européenne a établi une liste de critères qui pourraient justifier des sanctions contre des responsables politiques libanais, montre une note diplomatique que Reuters a pu consulter.
Sous l’égide de la France, l’UE envisage d’accroître la pression sur les responsables libanais incapables de s’entendre sur la formation d’un gouvernement après des mois de crise économique aiguë.
Le bloc, qui tient des discussions techniques sur les mesures envisageables depuis un mois, n’a pas encore décidé de l’approche à adopter, mais le Haut Représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, est attendu au Liban ce week-end, un déplacement dont il fera un compte rendu aux ministres des Affaires étrangères lundi.
De nombreux hauts responsables politiques libanais possèdent des biens immobiliers, des comptes bancaires et des investissements dans l’UE et leurs enfants fréquentent souvent les universités de l’Union.
La France dit avoir déjà pris des mesures pour restreindre l’entrée sur son territoire de certains responsables libanais qui, selon Paris, entravent les efforts déployés pour résoudre la crise, qui trouve son origine dans des décennies de corruption et d’endettement de l’Etat.
L’UE doit d’abord mettre en place un régime de sanctions, qui pourrait se traduire par des interdictions de voyager et des gels d’avoirs, mais elle peut aussi décider de ne désigner aucun individu dans l’immédiat.
IMPLOSION
La note s’articule autour de quatre critères. Tout d’abord, l’entrave à la mise en place d’un gouvernement, au processus politique ou à la réussite de la transition politique, puis l’entrave à la mise en oeuvre des réformes urgentes nécessaires pour surmonter la crise politique, économique et sociale.
La malversation financière, qui viserait les personnes, entités ou organismes considérés comme responsables de la mauvaise gestion des finances publiques et du secteur bancaire, est également un critère essentiel, tout comme la violation des droits de l’homme résultant de la crise économique et sociale.
“On pourrait faire valoir que le manque de responsabilité politique des dirigeants au Liban est au cœur d’une implosion massive de l’économie”, peut-on lire dans la note, en référence aux éventuels critères relatifs aux droits de l’homme.
“Cela a entraîné d’importantes souffrances et a affecté les droits de l’homme au Liban.”
De telles notes diplomatiques sont courantes dans l’élaboration des politiques de l’UE, elles circulent parmi les diplomates et les fonctionnaires de l’UE, bien qu’elles ne soient pas rendues publiques.
La note indique également qu’une “stratégie de sortie” proposant des points de référence pour déterminer si le régime de sanctions a atteint son objectif ainsi que pour renouveler ou lever les désignations individuelles devrait également être mise en place.
La rapidité avec laquelle les sanctions pourraient être imposées n’est pas encore claire, mais comme les divisions politiques continuent de s’aggraver au Liban, il est probable que l’UE agira avant la fin des vacances d’été.
Les 27 Etats membres de l’UE sont divisés sur le bien-fondé des sanctions européennes, mais les deux principales puissances du bloc, la France et l’Allemagne, y sont favorables, ce qui pourrait s’avérer déterminant. Un groupe plus large de nations doit encore préciser son approche.
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