AFP- Un grand trou béant dans un immeuble de trois étages et des débris jonchent la rue au milieu de voitures carbonisées dans le sud de Beyrouth où une frappe imputée à Israël a tué le chef adjoint du groupe militant palestinien Hamas.
Au lendemain des fortes explosions qui ont ravagé le quartier suite à l’attaque de drone qui a tué Saleh al-Aruri, des hommes armés du Hezbollah montaient la garde dans la zone à majorité chiite qui constitue leur fief.
Les résidents locaux ont déclaré avoir été surpris d’apprendre que leur rue animée de la capitale libanaise abritait le bureau secret du Hamas dans un bâtiment quelconque à côté d’une pharmacie et d’un magasin de confiseries.
Israël n’a pas revendiqué l’attaque meurtrière, mais le Hamas, le groupe à l’origine de l’attaque du 7 octobre qui a déclenché la guerre à Gaza, et les responsables libanais n’ont aucun doute que c’est Israël qui a tué Aruri et six membres du Hamas.
La banlieue sud de Beyrouth est depuis longtemps un bastion du groupe armé Hezbollah soutenu par l’Iran, mais c’est aussi une zone résidentielle surpeuplée remplie de civils, de magasins et de restaurants.
“Personne ne savait qu’il y avait un bureau du Hamas ici”, a déclaré Ahmed, 40 ans, qui travaille dans la confiserie voisine. “J’ai entendu trois explosions, au début j’ai cru que c’était du tonnerre”, a-t-il raconté à l’AFP, incrédule.
Des commerçants balayaient des éclats de verre sur la route près du lieu de l’impact, dans la rue Hadi Nasrallah, du nom du défunt fils du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué lors des combats avec Israël en 1997.
L’armée libanaise a bouclé le périmètre et des militants du Hezbollah vêtus de vêtements civils noirs surveillaient les environs.
“Trois frappes de drones israéliens ont visé le bâtiment”, a déclaré un responsable du Hezbollah qui a requis l’anonymat en invoquant des problèmes de sécurité.
– “S’attendre au pire” –
Des secouristes affiliés au Hezbollah ont fouillé les restes de voitures endommagées ou carbonisées par les frappes, dans un terrain vide faisant face au bâtiment.
“J’étais chez le dentiste, à quelques mètres”, a déclaré Mohammad Burji, 46 ans, un habitant, qui a fustigé Israël pour avoir frappé “au milieu d’un quartier résidentiel”.
Les banlieues sud de Beyrouth ont « été prises dans le passé dans une guerre d’anéantissement, tout comme Gaza », a-t-il déclaré, faisant référence aux bombardements intenses de la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël.
Aruri, l’un des principaux stratèges militaires du Hamas, a été le premier haut responsable du mouvement tué pendant la guerre à Gaza, lors de la première frappe contre la capitale libanaise depuis le début des hostilités.
Israël l’a accusé d’avoir orchestré de nombreuses attaques.
Après avoir passé près de deux décennies dans les prisons israéliennes, Aruri a été libéré en 2010 à la condition de s’exiler.
Le capitaine de la police locale, Ali Farran, a déclaré que les habitants qui ont vécu la guerre de 2006 “s’attendent désormais au pire”, ajoutant que cette zone à majorité musulmane chiite abrite 800 000 personnes.
Plusieurs dirigeants du Hamas en exil ont trouvé refuge au Liban, sous la protection de leur allié le Hezbollah.
Le responsable du Hamas, Oussama Hamdan, tient des conférences de presse quasi quotidiennes dans les banlieues sud, qui ont également accueilli des dissidents bahreïnis et des rebelles yéménites soutenus par l’Iran.
– “Agression grave” –
Mardi, le Hezbollah a averti que l’assassinat d’Aruri dans son fief était « une attaque grave contre le Liban » qui « ne restera pas sans réponse ni impuni ».
Nasrallah devait prononcer un discours télévisé très attendu plus tard mercredi.
La guerre à Gaza a commencé après l’attaque du Hamas contre Israël qui a tué environ 1.140 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens. Les militants ont également pris environ 250 otages.
Israël a lancé une campagne militaire incessante à Gaza qui a fait plus de 22 000 morts, selon le ministère de la Santé du territoire.
Au milieu de la guerre, Israël et le Hezbollah ont échangé des tirs transfrontaliers quasi quotidiens.
Plus de 160 personnes ont été tuées côté libanais, pour la plupart des membres du Hezbollah mais aussi plus de 20 civils dont trois journalistes, selon un décompte de l’AFP.
Du côté israélien, au moins cinq civils et neuf soldats ont été tués, selon les chiffres de l’armée.
Après l’attaque de mardi, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, n’a pas commenté directement le meurtre d’Aruri, mais a déclaré que l’armée était « hautement préparée à tout scénario » qui pourrait en découler.
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