23/04/2024

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Irak : Le régime tire sur les manifestants, bilan 24 morts

Bagdad (AFP) – La contestation antigouvernementale est repartie vendredi en Irak avec des violences qui ont fait 24 morts à Bagdad et dans le sud du pays, où les protestataires s’en sont pris aux institutions et à divers partis et groupes armés.

Après la mort de plus de 150 personnes en une semaine début octobre, principalement des manifestants qui réclamaient « la chute du régime » dans la capitale, les protestataires ont tourné vendredi leur colère contre les institutions publiques et les QG de partis politiques et factions armées.

Dans le sud du pays, ils ont incendié ou saccagé deux sièges de gouvernorat, à Nassiriya et Diwaniya, une quinzaine de QG de partis politiques et groupes armés de la puissante coalition des paramilitaires du Hachd al-Chaabi, premier allié du gouvernement du Premier ministre Adel Abdel Mahdi.

– Couvre-feux dans le sud –

A la mi-journée, le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak, avait appelé les forces de sécurité et les manifestants à la « retenue » pour éviter le « chaos ».

Mais en fin de journée, le bilan officiel étaient de 24 manifestants tués, dont 8 à Bagdad uniquement.

La moitié des manifestants tués l’ont été par balles alors qu’ils s’en prenaient à des QG d’Assaïb Ahl al-Haq (« La ligue des vertueux » en arabe) –l’une des factions les plus puissantes du Hachd– à Nassiriya et Amara, dans le sud, selon des sources médicales et policières.

Trois autres ont péri dans la ville pétrolière de Bassora (sud), en proie l’été 2018 à une semaine de violences similaires.

A l’époque, l’ensemble des QG des partis et groupes armés, mais aussi le gouvernorat et du consulat d’Iran, grand allié et voisin de l’Irak, avaient aussi été incendiés. La situation était subitement revenue au calme après des accords entre politiques au Parlement.

Des couvre-feux ont été imposés à Bassora, Babylone et Nassiriya, mais les rassemblements continuent dans d’autres villes du sud. A Kerbala, ville sainte chiite, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et actionné leurs canons à eau brûlante pour tenter d’en venir à bout.

A Bagdad, des milliers de manifestants sont toujours rassemblés sur la place Tahrir, et des heurts limités se poursuivent sur le pont al-Joumhouriya adjacent, qui mène à la Zone verte où siègent le pouvoir irakien et l’ambassade des Etats-Unis.

Pour empêcher les manifestants d’y accéder, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes et assourdissantes. Des centaines de personnes ont été blessées.

– « Tous des voleurs » –

Le grand ayatollah a de nouveau appelé à des réformes et à la fin de la corruption, l’une des revendications premières des manifestants, sans indiquer s’il se désolidarisait d’Adel Abdel Mahdi, comme il l’a déjà fait par le passé avec d’autres Premiers ministres.

C’est pourtant M. Abdel Mahdi, entré en fonctions il y a un an jour pour jour, que la rue tient vendredi pour responsable –avec la classe politique– des maux de ce pays, le 12e le plus corrompu au monde

Dès jeudi soir, le mouvement de contestation a repris sur la place Tahrir après de nouveaux appels à manifester relayés sur les réseaux sociaux.

« Adel Abdel Mahdi nous ment », ont crié des manifestants, après un nouveau discours dans la nuit durant lequel il a annoncé des mesures sociales et réformes législatives sans proposer des changements radicaux réclamés par la contestation: une nouvelle Constitution et une classe politique renouvelée.

« Ce sont tous des voleurs, ils mentent en promettant des emplois et quand on manifeste, ils nous tirent dessus avec des grenades lacrymogènes », s’est emporté un jeune manifestant, drapeau national sur les épaules.