20/04/2024

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France : Des heurts ont éclaté samedi après-midi à différents endroits de Paris entre la police et les gilets-jaunes

AFP – Après une matinée relativement calme, des heurts ont éclaté samedi après-midi à différents endroits de la capitale mais aussi en province pour la quatrième grande journée de mobilisation des « gilets jaunes » placée sous très haute sécurité.

De nombreux tirs de gaz lacrymogènes aux abords des Champs-Elysées, le Drugstore Publicis de l’avenue attaqué, des vitrines brisées avenue de Friedland et avenue Marceau, une barricade enflammée sur les Grands-Boulevards où les véhicules blindés de la gendarme ont été déployés…

Des points de tension se sont soudainement créés en début d’après-midi alors que contrairement au samedi précédent aucun incident majeur ne s’était produit jusqu’à la mi-journée.

La préfecture de police a décompté 30 blessés en début d’après-midi, dont trois parmi les forces de l’ordre.

En milieu de journée, les heurts à Paris se déplaçaient des abords des Champs-Elysées et les casseurs ont envahi l’avenue Marceau, quartier huppé entre la place de l’Etoile et les bords de Seine.

« C’est n’importe quoi! », dit à l’AFP Laurent, 37 ans, mécanicien du Val d’Oise, en s’éloignant d’un groupe de jeunes sans gilets jaunes qui détruit la vitrine d’un magasin d’équipements de golf. « On a essayé de s’interposer mais on a été menacés ».


Un peu plus tôt, des manifestants ont tenté d’incendier la façade du Drugstore Publicis situé en haut des Champs-Elysées, en brûlant des sapins placés contre la devanture. Une jeune femme blessée à la tête en face du Drugstore a été évacuée.

Le week-end dernier, les images de quartiers huppés de Paris en proie pendant des heures à la guérilla urbaine, avaient stupéfié en France comme à l’étranger et poussé les autorités à revoir leur stratégie de maintien de l’ordre.

Prenant les devants, les forces de l’ordre ont multiplié les contrôles notamment en amont des rassemblements: à 14H00, près de 1.000 personnes avaient été interpellées en France et plus 700 placées en garde à vue, d’après une source policière.

Pour l’ensemble du territoire, 89.000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés, dont 8.000 à Paris appuyés par 14 « VBRG », véhicules blindés à roue de la gendarmerie déployés pour la première fois de leur histoire dans la capitale, sur les grands boulevards, avenue de Friedland, rue de Rivoli etc.

Battant le pavé, ils étaient 76.900 sur toute la France, selon une source policière, avec des manifestations notamment à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Lyon.

– « On y va, on y va! » –

Un petit groupe de manifestants venus de Melun (Seine-et-Marne) discute devant un Starbuck aux vitres brisées près de l’église Saint-Philippe-du-Roule (8e arrondissement). « Ca part en couilles, c’est n’importe quoi », déplore une jeune femme, déçue par ceux qui viennent « juste pour casser » et décrédibilisent le mouvement.

Sur le bd Haussmann, bordé par les grands magasins –fermés exceptionnellement pour cette journée–, une foule de gilets jaunes défilent en jetant des projectiles et renvoyant des grenades. « On y va, on y va! » et « Macron démission », entonnent-ils.

Depuis la Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé la « violence » des autorités françaises. Quant à Donald Trump, il a critiqué une nouvelle fois samedi l’accord de Paris sur le climat, estimant que le mouvement des « gilets jaunes » en France était la preuve que cet accord « ne marche pas ». Il a affirmé, sans preuves, que des manifestants scandaient « Nous voulons Trump ».

A l’est de la capitale, plusieurs milliers de personnes manifestaient en même temps dans l’après-midi, sans débordement signalé et en présence d’un dispositif léger.

Le Premier ministre Edouard Philippe a évoqué un dispositif de sécurité « exceptionnel », et remercié tous ceux « qui ont appelé au calme ».

Plusieurs figures de cette contestation née sur les réseaux sociaux avaient notamment ces derniers jours appelé à défiler pacifiquement.

– « On comprend le mouvement » –

La tour Eiffel, le Louvre ont gardé portes closes, tout comme de nombreux commerces et restaurants et 36 stations de métro.

Plusieurs pays européens ont conseillé la prudence à leurs ressortissants, voire d’éviter Paris ce week-end comme la Belgique.

« C’est un peu stressant depuis hier soir. On a reçu des messages d’amis et de nos familles nous demandant d’être prudents », raconte à l’AFP Belinda, une touriste venue de Belgique avec son mari pour un week-end parisien prévu depuis longtemps. « On comprend le mouvement, en Belgique aussi les impôts sont hauts et on s’inquiète pour l’avenir de nos enfants ».

Autoroutes coupées, échangeurs bloqués, déviations, sorties obligatoires: le réseau routier et autoroutier français connaissait de nombreux points de perturbations.

Deux mille « gilets jaunes » ont défilé à Marseille, 600 à Montpellier, 500 à Nice, où ils ont observé une minute de silence devant le palais de la Méditerranée « pour tous les morts et blessés des manifestations depuis trois semaines ». D’autres manifestations émaillées de heurts avec les forces de l’ordre et d’ interpellations ont eu lieu, notamment à Lyon, Toulouse, Bordeaux

A Lille, Pascal Vanmeenen, 58 ans, manifeste pour le 4e samedi d’affilée et réclame un référendum. « Hier, M. Castaner a parlé d’une minorité. On verra aux prochaines élections », assure cet ouvrier de Douai. « Macron est un monarque qui méprise le peuple », affirme-t-il.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a de nouveau évoqué samedi « la dissolution » de l’Assemblée nationale, qui selon lui « s’approche comme une issue raisonnable et tranquille » à la crise. Depuis la Belgique, la présidente du RN Marine Le Pen a demandé à Emmanuel Macron des « réponses fortes » à la « souffrance » des « gilets jaunes ».

Silencieux toute la semaine, Emmanuel Macron s’exprimera en « début de semaine prochaine ».

Les concessions du gouvernement, notamment l’annulation de l’augmentation de la taxe sur les carburants, semblent n’avoir eu aucun effet, si ce n’est d’avoir fragilisé le Premier ministre Édouard Philippe qui défendait une simple suspension avant d’être brutalement désavoué par l’Elysée.

L’exécutif craint aussi une extension de la contestation à d’autres secteurs, notamment chez les agriculteurs et dans l’éducation.