22/11/2024

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Chine: Les autorités accentuent la politique du zéro Covid

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AFP – Des commerçants désespérés, des voyageurs en rade et un virologue qui critique ouvertement le pouvoir: la politique du zéro Covid fait subrepticement débat en Chine.

Près de deux ans après l’apparition du coronavirus à Wuhan, le pays le plus peuplé du monde n’est pas peu fier d’avoir enrayé l’épidémie sur son sol, alors qu’elle sème la mort dans le reste du monde.

Mais à Ruili, une petite ville à la frontière birmane, la bijouterie de M. Lin ne tient plus qu’à un fil après des confinements à répétition qui dissuadent quiconque de se rendre sur place.

“On reste ouverts mais on vivote”, explique-t-il à l’AFP.

En Chine, avec la généralisation des applications de traçage, toute personne passée par une zone à haut risque peut se retrouver dans une situation très compliquée: empêchée de voyager même avec un test négatif, de rentrer chez elle ou de se rendre au travail.

Si le pays a officiellement enregistré moins de 100.000 cas de Covid depuis le début de l’épidémie et que le dernier décès remonte à fin janvier, des flambées sporadiques angoissent les autorités, surtout à l’approche des Jeux olympiques d’hiver à Pékin en février prochain.

Résultat, des villes entières ont été mises en quarantaine ces dernières semaines, alors que le total national de nouvelles contaminations ne dépasse qu’exceptionnellement une centaine par jour. Des millions d’habitants sont confinés.

– “Derniers signes de vie” –

Les villes frontalières comme Ruili sont particulièrement exposées à une transmission du virus depuis l’étranger par des contrebandiers ou des réfugiés, comme dans le cas de la Birmanie.

A l’autre bout du pays, à la frontière russe, la ville de Heihe offre une récompense de 100.000 yuans (13.500 euros) pour toute information permettant de déterminer l’origine de la dernière flambée épidémique.

Mais à Ruili, même un maire adjoint, Dai Rongli, a laissé percer sa colère sur les réseaux sociaux, en estimant que les dernières mesures anti-Covid étouffaient “les derniers signes de vie” dans sa ville.

Au moindre cas de contamination, les 210.000 habitants font l’objet de dépistages massifs et répétés. La presse locale s’est fait l’écho du cas d’un bambin qui aurait déjà subi plus de 70 tests.

“Je ne tiendrai plus très longtemps”, avertit un producteur de vidéos du nom de Lu, précisant qu’il doit verser 30.000 yuans (4.100 euros) de loyer chaque mois pour ses bureaux, alors qu’il n’a plus de revenus.

Certains doivent se résoudre à quitter la ville.

“Les enfants ne peuvent plus aller à l’école normalement. Nous avons décidé de partir”, raconte à l’AFP un habitant du nom de Wen.

– Vaccins en doute –

Rompant avec le consensus officiel autour du zéro Covid, un virologue de renom a critiqué la politique du gouvernement dans une interview diffusée le 8 novembre par la chaîne hongkongaise Phoenix TV.

Guan Yi, qui dirige un laboratoire à l’Université de Shantou (sud), a jugé illusoire d’attendre une éradication du virus avec une politique de tolérance zéro qui coûte cher à l’économie.

Alors que la Chine n’administre à sa population que des vaccins produits localement, le spécialiste a osé mettre en doute l’efficacité de ces injections.

Selon lui, le pays devrait s’efforcer de déterminer si ces vaccins sont ou non efficaces et cesser d’administrer ceux qui ne le sont pas.

L’efficacité des vaccins chinois est évaluée entre 50% et 80%, en deçà des produits disponibles dans les pays occidentaux.

Mais la plupart des experts doutent que Pékin modifie son approche et prenne le moindre risque épidémique avant les JO, voire avant le grand rendez-vous politique de la fin 2022: le Congrès du Parti communiste au pouvoir.

Et les médias officiels ont étouffé le débat en martelant que la stratégie du pays était indiscutable.

En attendant, l’errance désespérée d’un voyageur en carafe a fait des remous sur les réseaux sociaux: l’homme parti de Pékin pour un bref voyage d’affaires s’est retrouvé dans l’incapacité de regagner la capitale alors qu’il est vacciné, qu’il dispose d’un test négatif et ne s’est pas rendu dans des zones à risque.

Les autorités ont admis que dans certains cas des personnes se retrouvent bloquées par erreur.

Et dans le centre du pays, l’élimination à coups de pied de biche d’un chien par les services sanitaires, alors que ses maîtres étaient placés en quarantaine, fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux.

“Peut-on encore faire confiance à un Etat qui dit servir le peuple mais applique la loi aussi brutalement?” a risqué un internaute.