21/11/2024

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Birmanie: les syndicats appellent à ” la paralysie” de l’économie contre la junte

généraux Birmanie

Les principaux syndicats birmans ont appelé à intensifier la grève lundi pour étouffer la fragile économie du pays et faire pression sur la junte, au lendemain d’une nouvelle journée de répression contre les manifestants pro-démocratie et de raids des forces de sécurité.

“Le moment est venu d’agir. Nous appelons à (…) l’arrêt complet et prolongé de l’économie”, ont écrit neuf fédérations représentant notamment des travailleurs dans les secteurs agricole, manufacturier et du BTP.

Permettre aux activités économiques de se poursuivre ne ferait qu’aider l’armée qui “réprime l’énergie du peuple birman”, ont-ils ajouté dans un communiqué commun.

La junte a pour sa part mis en garde les fonctionnaires: ceux qui n’auront pas repris le travail à partir de lundi seront licenciés.

Les appels à la grève, lancés dès les premières heures qui ont suivi le coup d’Etat du 1er février, ont déjà eu un impact important sur de nombreux secteurs, avec des banques incapables de fonctionner, des hôpitaux fermés et des bureaux ministériels vides.

Plusieurs voix ont aussi appelé les citoyennes birmanes à descendre en nombre dans les rues ce 8 mars, journée internationale des femmes.

Dès le début de la matinée, les forces de sécurité se sont déployées en nombre dans certains quartiers de Rangoun, la capitale économique.

“Ils utilisent des grenades assourdissantes pour empêcher les manifestants de se rassembler”, a déclaré à l’AFP un habitant de Sanchaung, théâtre de violences ces derniers jours.

Moines, étudiants, fonctionnaires: des milliers de Birmans ont manifesté dimanche à travers tout le pays, notamment à Mandalay (centre) où un grand sit-in a été organisé.

La police et l’armée ont fait usage de gaz lacrymogène, de munitions en caoutchouc mais aussi de balles réelles pour disperser des rassemblements, d’après des témoignages recueillis par l’AFP.

Des dizaines de contestataires ont été arrêtés et plusieurs blessés, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

Des manifestations qui se tenaient “dans des zones résidentielles, dans l’enceinte d’édifices religieux, d’hôpitaux et d’un campus ont été violemment réprimés”, selon l’ONG birmane. Et “des policiers ont été vus en train de brandir des couteaux vers des manifestants, des jeunes ont été battus et frappés à coups de pied”.

– Raids nocturnes –

Les forces de sécurité ont été déployées dimanche soir dans plusieurs quartiers de Rangoun et des détonations ont été entendues.

Samedi, des raids nocturnes avaient déjà visé des responsables de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, plusieurs avaient été arrêtés et un représentant local du mouvement, Khin Maung Latt, battu à mort.

Les députés qui ne reconnaissent pas la légitimité du coup d’Etat et ont créé un comité pour représenter le gouvernement civil se rendent coupables de “haute trahison”, un crime passible de la peine de mort ou de 22 ans de détention, a averti la junte.

Plus de 50 manifestants ont été tués depuis le putsch qui a renversé la prix Nobel de la paix 1991.

Les médias d’Etat nient toute implication de la police et de l’armée dans la mort de civils, indiquant qu’elles ont “dû contenir des émeutes en accord avec la loi”.

Mais des images largement diffusées ont montré les forces de sécurité en train de tirer à balles réelles sur des rassemblements et d’emporter les corps inanimés de manifestants.

Responsables locaux, journalistes, militants, artistes: des centaines de personnes ont été interpellées depuis le putsch.

Face a la détérioration de la situation, des Birmans fuient.

Une cinquantaine, dont huit policiers qui refusaient de prendre part à la répression, ont gagné l’Inde voisine, à la frontière de laquelle des dizaines d’autres se sont massés.

Les généraux font la sourde oreille face au concert de protestations de la communauté internationale, divisée sur la réponse à apporter.

Le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas réussi vendredi à se mettre d’accord sur une déclaration commune et des négociations doivent se poursuivre cette semaine.

La junte, qui conteste les législatives de novembre remportées massivement par la LND, a promis la tenue d’un nouveau scrutin, sans dévoiler aucun calendrier.