28/03/2024

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Allemagne: 30 ans après la réunification , le contraste Est-Ouest est persistant

Berlin (AFP) – Trente ans après la chute du Mur de Berlin, le contraste s’estompe mais reste, dans tous les domaines, bel et bien réel entre Est et Ouest de l’Allemagne.

– Economie: l’Est encore distancé –

« La situation à l’Est est bien meilleure que sa réputation », s’est réjoui fin septembre le gouvernement d’Angela Merkel lors de la présentation du rapport annuel sur l’unité allemande.

Il n’empêche: le PIB par habitant des cinq régions d’ex-RDA ne représentait encore que 74,7% du niveau ouest-allemand en 2018. Depuis 2010, cet écart s’est réduit de 3,1 points, porté par un tissu d’environ 3.000 petites et moyennes entreprises et le dynamisme de Berlin, Leipzig ou Dresde. Et l’ex-RDA partait en 1990 de très loin, avec une saignée de son secteur industriel hérité du collectivisme communiste.

L’amélioration ne compense pas l’absence de grandes entreprises telles que Volkswagen, Siemens ou Bayer, dont les sièges sont tous à l’ouest et qui emploient des dizaines de milliers de personnes.

Aucune entreprise du Dax, l’indice-phare de la Bourse de Francfort, n’a son siège à l’Est.

Les Länder d’ex-RDA restent aussi à la remorque des régions de l’ouest en terme de salaire moyen: en 2018, un salarié de l’Ouest gagnait en moyenne 3.339 euros brut par mois, contre environ 2.600 euros à l’Est, selon l’Agence fédérale pour l’emploi.

La productivité y est également moindre, atteignant à l’Est 82% de celle de l’Ouest.

– Emploi: fossé en passe d’être comblé –

Habitués au plein-emploi étatique en ex-RDA, les Allemands de l’Est ont vécu dans les années 90 et 2000 le choc du chômage, avec des taux dépassant dans certaines villes les 30%.

Mais après avoir atteint des sommets en 2005, le chômage a depuis nettement reflué, du fait en partie du déclin démographique et d’une multiplication des emplois à temps partiels (30,5% à l’Est, contre 27,6% à l’Ouest).

Le taux de chômage atteignait en août 2019 4,8% à l’Ouest, contre 6,4% à l’Est. Et les villes au taux le plus élevé se trouvent désormais en ex-RFA, à Gelsenkirchen (13,8 en avril), Bremerhaven ou Duisburg (12%).

L’ex-RDA se caractérise en outre par un taux d’emploi des femmes un peu plus important qu’à l’ouest (73,9% contre 71,6%).

– Déclin démographique inquiétant –

Dans une Allemagne globalement vieillissante, où l’âge moyen est passé de 40 ans en 1990 à 45 ans en 2018, la situation démographique en ex-RDA reste problématique.

Depuis 1991, la population des nouvelles régions est passée de 14,6 à 12,6 millions d’habitants, tandis qu’à l’Ouest (Berlin compris), elle a bondi de 65,3 à 69,6 millions.

Le dynamisme de villes comme Dresde, Iena ou Leipzig, ne parvient pas à masquer l’exode et le vieillissement qui frappent ces régions. Les centre-villes offrent le triste spectacle de magasins et immeubles à vendre.

Dans certaines villes, comme Suhl (Thuringe) ou Francfort-sur-Oder (Brandebourg), la population a chuté de plus de 30% en 30 ans, avec des répercussions sur services publics et infrastructures.

L’émigration massive vers l’ouest ou l’étranger de jeunes adultes au début de années 90 a fait chuter la natalité à l’Est, un phénomène qui aura des répercussions durant plusieurs décennies, selon les démographes.

L’accueil de centaines de milliers de réfugiés en Allemagne depuis 2015 n’a pas suffi à inverser la tendance, d’autant que la plupart d’entre eux ont choisi l’Ouest.

– L’Est, fief de l’extrême droite –

Créé en 2013, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) réalise ses scores les plus importants à l’Est, où il recueille désormais entre 20 à 30% des suffrages, contre autour de 10% en moyenne à l’Ouest.