AFP- Des journalistes et militants se sont rassemblés lundi à Tunis pour réclamer la libération de deux journalistes marocains emprisonnés depuis des mois, Omar Radi et Soulaimane Raissouni, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Leur comité de soutien à Rabat a de nouveau réclamé leur libération lundi en s’inquiétant pour leur état de santé. Une pétition de soutien publiée dimanche a réuni 320 personnalités dont quatre anciens ministres.
A Tunis, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affiché sur son siège une grande banderole de soutien à leurs collègues marocains.
“Il est de notre devoir de se mobiliser pour la liberté où qu’elle soit”, a déclaré Mohamed Yassine Jelassi, président du SNJT. “La mobilisation pour nos collègues est une sécurité pour nous”.
Omar Radi, journaliste marocain engagé dans la défense des droits humains, en détention préventive depuis neuf mois, a mené 21 jours de grève de la faim dans l’espoir d’obtenir une libération provisoire, avant de la suspendre vendredi en raison de la détérioration de sa santé.
Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum, en détention depuis onze mois, est en grève de la faim depuis 26 jours pour les mêmes raisons.
Ils sont poursuivis notamment pour des agressions sexuelles. Selon leurs soutiens, la justice, instrumentalisée, les poursuit en raison de leurs publications critiques, ce que démentent les autorités marocaines.
La Tunisie, où la révolution de 2011 a permis une liberté d’expression sans précédent, est le pays le mieux classé de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord dans le classement Reporters Sans Frontière (RSF) de la liberté de la presse publié fin avril. Au 73e rang, elle devance le Maroc (136) et l’Algérie (146).
Lundi à Alger une trentaine de journalistes ont manifesté, stylo à la main, pour une “presse libre et démocratique”, dans un climat de répression accrue à l’encontre de toute voix dissidente. Ils ont réclamé notamment la libération d’un journaliste du sud du pays, Rabah Karèche, arrêté en avril après avoir écrit sur un mouvement de protestation des Touaregs.
Pour Souhaieb Khayati, directeur du bureau régional de RSF, “la situation s’est dégradée dans les quatre pays du Maghreb”.
“Il y a une instrumentalisation de la justice en Algérie et au Maroc pour poursuivre les journalistes qui s’opposent aux versions officielles des régimes”, a-t-il déploré. Les journalistes tunisiens sont touchés par “un discours de haine qui se développe dans la classe politique” tandis que “la Libye reste un trou noir de l’information”.
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