21/11/2024

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Libye: la production de pétrole reprend après plusieurs mois de blocage

carte libye

Tripoli (AFP) – La Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC) a annoncé vendredi la reprise de la production et des exportations de pétrole en Libye après environ six mois de blocage lié au conflit dans le pays.

La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.

Aidés militairement par Ankara, les pro-GNA ont engrangé d’importantes victoires ces derniers mois prenant le contrôle de l’ensemble du nord-ouest et chassant les pro-Haftar qui menaient depuis avril 2019 une offensive pour prendre la capitale Tripoli.

Le maréchal Haftar -soutenu lui par l’Egypte, les Emirats arabes unis et la Russie- garde toutefois le contrôle de la majorité des installations pétrolières.

Les pro-Haftar bloquaient depuis le 17 janvier la production et les exportations du pétrole sur les champs et terminaux les plus importants du pays, pour réclamer, selon eux, une répartition équitable des revenus du pétrole gérés par le GNA.

Un premier navire devait commencer en journée à charger le brut du port pétrolier al-Sedra (est), a indiqué dans un communiqué la NOC.

Mais la production prendra du temps pour atteindre ses niveaux d’avant le blocage -environ 1,2 million de barils par jour- “en raison des dommages importants causés aux réservoirs et infrastructures par le blocus illégal imposé depuis le 17 janvier”, selon elle.

La compagnie a également annoncé “la levée de la force majeure sur les exportations” en Libye. Cette mesure, invoquée dans des circonstances exceptionnelles, permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.

Officiellement, la NOC est une entité neutre et indépendante, mais le camp Haftar l’accuse de financer les “milices du GNA”.

– Paris et Washington satisfaits –

“Nous sommes enfin très heureux de pouvoir franchir cette étape importante vers le rétablissement” de la production nationale, s’est félicité le patron de la compagnie, Mustafa Sanalla.

De son côté, l’ambassade des Etats-Unis, relocalisée à Tunis depuis sa fermeture en Libye en 2014, s’est réjouie sur Twitter de la levée de la “force majeure” et de la reprise d’une “activité vitale pour tous les Libyens”

L’ambassade de France, également relocalisée à Tunis, a salué la reprise de la production, disant rejeter “la militarisation des installations pétrolières” et soulignant “l’importance de préserver la neutralité et le monopole de la NOC”.

La Libye comptait porter sa production pétrolière à 2,1 millions de barils en 2024. Mais en raison des dégâts causés par le blocage des sites pétroliers, la production ne devrait pas dépasser les 650.000 barils/jour en 2022.

Sans donner plus de détails, la NOC avait fait état récemment de pourparlers entre, d’une part le GNA et la NOC, et d’autre part “les Etats de la région” soutenant le maréchal Haftar.

L’objectif de ces négociations “supervisées par l’ONU et les Etats-Unis” était de permettre la reprise de la production, dont l’arrêt depuis janvier a provoqué des pertes de plus de 6,5 milliards de dollars.

– “Chantage” –

L’accord négocié stipule que “tous les revenus pétroliers continueront à être déposés sur les comptes (bancaires) de la NOC”, selon la NOC.

Ils seront bloqués en attendant une garantie sur “la transparence financière, l’égalité des opportunités et une justice sociale pour tous les Libyens”, et de nouvelles mesures de sécurité pour empêcher, qu’à l’avenir, les sites pétroliers ne soient “une cible militaire ou un outil de chantage politique”.

La répartition de la rente pétrolière suscite fréquemment des dissensions en Libye, notamment parmi les pro-Haftar où elle est jugée inéquitable.

Depuis 2011, des voix se sont levées contre cette injustice, une doléance à laquelle le maréchal Haftar fait souvent allusion en évoquant les motivations de sa campagne militaire contre le GNA, soldée par un échec.

La Libye est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué lors d’une révolte populaire en 2011.