23/11/2024

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Les pays arabes se réunissent pour discuter de la fin du long isolement de la Syrie

AFP – Les pays arabes se sont réunis à Djeddah vendredi pour discuter de la fin de la longue période de la Syrie dans le désert diplomatique, alors que les relations régionales changent suite à la décision de l’Arabie saoudite et de l’Iran de reprendre leurs relations.

Des ministres et hauts responsables des six pays du Conseil de coopération du Golfe – Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis – ainsi que l’Égypte, l’Irak et la Jordanie sont arrivés en Arabie saoudite à la demande du royaume, a déclaré le ministère des Affaires étrangères. .

Il n’a pas été fait mention de la participation de la Syrie aux pourparlers qui ont été précédés d’une rencontre vendredi entre le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, et le coordinateur du Conseil de sécurité nationale américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Brett McGurk.

Le royaume n’a pas encore révélé les détails de la réunion de Djeddah, mais la suspension de la Syrie de la Ligue arabe, imposée lorsque le gouvernement du président Bachar al-Assad a lancé une répression sanglante contre les manifestations pro-démocratie en 2011, est en discussion.

Soutenu par l’Iran et la Russie, Assad a été rejeté par de nombreux pays du Moyen-Orient et est un paria occidental de la guerre, qui a tué plus d’un demi-million de personnes et contraint environ la moitié de la population syrienne d’avant-guerre à quitter son foyer.

Mais mercredi, dans le dernier signe d’apaisement des tensions avec Damas, le ministre syrien des Affaires étrangères Faisal Mekdad est arrivé à Djeddah, la première visite de ce type depuis le début de la guerre.

Mekdad et son homologue saoudien ont discuté des “mesures nécessaires” pour mettre fin à l’isolement de Damas, selon un communiqué saoudien mercredi.

Toute recommandation de réintégrer la Syrie dans la Ligue arabe de 22 membres, dont la prochaine réunion doit se tenir en Arabie saoudite en mai, est susceptible de susciter des protestations des capitales occidentales.

– ‘Trahi’ –

La réhabilitation de la Syrie envoie “un message à l’opposition qu’Assad finira par triompher et que leurs bailleurs de fonds étrangers les trahiront”, a déclaré à l’AFP Aron Lund du groupe de réflexion Century International.

Les habitants d’Idlib, dans le nord de la Syrie, aux mains des rebelles, ont déclaré qu’ils se sentaient “trahis” par les mesures visant à réhabiliter le gouvernement d’Assad.

“Nous, les habitants du nord de la Syrie, nous sommes sentis extrêmement trahis lorsque nous avons entendu parler de la normalisation avec Assad”, a déclaré à l’AFP Rama Sifu, 32 ans, qui vit à Idlib.

“Comment se fait-il qu’après 12 ans de lutte et de révolution, ils viennent aujourd’hui et lui disent : voici ton siège à la Ligue arabe ? C’est inacceptable, nous nous sommes vraiment sentis déçus.”

Mais jeudi soir, le Premier ministre du Qatar – un opposant au gouvernement d’Assad – a versé de l’eau froide sur les discussions sur le possible retour de la Syrie dans la Ligue arabe.

“Il n’y a rien de proposé, ce ne sont que des spéculations”, a déclaré le cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani dans une interview télévisée.

La réunion de Djeddah fait partie d’une vague d’initiatives après l’annonce historique de l’Arabie saoudite et de l’Iran, négociée par la Chine, le 10 mars, selon laquelle ils reprendraient leurs relations, sept ans après une scission acrimonieuse.

Vendredi également, un échange de près de 900 prisonniers de la guerre civile au Yémen entre les rebelles houthis soutenus par l’Iran et une coalition dirigée par l’Arabie saoudite a commencé lorsque des vols transportant des captifs ont voyagé entre les zones contrôlées par les rebelles et le gouvernement.

L’ambassadeur saoudien au Yémen s’est entretenu cette semaine avec les forces houthies dans le but de mettre fin à la guerre civile dévastatrice qui fait rage depuis le début de l’intervention militaire saoudienne en 2015.

– ‘Surmonter les divergences du Golfe’ –

Et mercredi soir, le Qatar, riche en gaz, et son voisin minuscule mais stratégique du Golfe, Bahreïn, ont convenu de rétablir les relations, mettant de côté une querelle diplomatique de longue date.

L’Arabie saoudite dirigée par les sunnites, le plus grand exportateur de pétrole au monde, et la théocratie chiite iranienne se disputent depuis longtemps l’influence dans la région, avec le Yémen et auparavant la Syrie parmi leurs conflits par procuration.

Mais les analystes disent que l’Arabie saoudite tente maintenant de calmer la région pour lui permettre de se concentrer sur des projets nationaux ambitieux visant à diversifier son économie dépendante de l’énergie.

Bien que la Ligue arabe prenne ses décisions par consensus, un accord unanime est peu probable, a déclaré un diplomate basé à Riyad qui a requis l’anonymat.

“La réunion vise à surmonter autant que possible les différends du Golfe sur la Syrie”, a déclaré le diplomate à l’AFP, citant le Qatar.

“Les Saoudiens essaient au moins de s’assurer que le Qatar ne s’opposera pas au retour de la Syrie dans la Ligue arabe si la question est soumise à un vote”, a ajouté le diplomate.