L’Allemagne, souvent perçue comme un pilier économique de l’Europe, est aujourd’hui confrontée à un défi majeur : le déclin de ses infrastructures. Selon une étude récente menée par Lars Feld, professeur à l’Université de Fribourg et conseiller du ministre des Finances Christian Lindner, le pays pourrait nécessiter jusqu’à 400 milliards d’euros d’investissements dans les années à venir pour moderniser ses infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques.
Un réseau vieillissant : autoroutes, chemins de fer et énergie
L’infrastructure allemande, qui a longtemps été un symbole de l’efficacité et de la robustesse du pays, montre aujourd’hui des signes d’usure préoccupants. Feld souligne que les investissements publics n’ont pas réussi à maintenir le statu quo depuis de nombreuses années, mettant à mal le réseau routier et ferroviaire ainsi que les installations énergétiques.
- Les routes : Entre 2025 et 2028, plus de 57 milliards d’euros devront être injectés pour la réhabilitation des infrastructures routières du pays, essentielles pour maintenir la compétitivité logistique et industrielle de l’Allemagne.
- Les chemins de fer : Le réseau ferroviaire, autrefois un modèle en Europe, nécessite à lui seul 63 milliards d’euros d’investissements supplémentaires pour moderniser les voies, les gares et améliorer la fiabilité des services.
- Les infrastructures énergétiques : Avec la transition verte en cours, les besoins d’investissements dans les infrastructures énergétiques terrestres et offshore sont colossaux. Le rapport estime qu’environ 270 milliards d’euros devront être alloués à ce secteur pour soutenir la transition vers les énergies renouvelables et réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
Les obstacles économiques : une économie stagnante et des règles budgétaires strictes
Le principal problème auquel l’Allemagne est confrontée pour financer ces investissements est double : une économie stagnante et des règles budgétaires qui limitent les capacités d’emprunt du gouvernement. En 2022, le taux d’investissement public de l’Allemagne, représentant 2,6 % du produit intérieur brut (PIB), était bien en deçà de la moyenne de l’OCDE, soulignant une faiblesse structurelle dans l’effort de modernisation.
Le pays est contraint par des règles strictes, notamment le frein à l’endettement, une loi introduite pour limiter l’endettement public. Cette règle, bien que conçue pour préserver la stabilité financière, réduit considérablement la capacité de l’État à investir dans des projets à grande échelle sans s’endetter lourdement. Or, ces investissements sont nécessaires pour redonner un élan à l’économie allemande, qui souffre d’un manque de dynamisme depuis plusieurs années.
Les solutions proposées : l’implication du secteur privé et un fonds d’investissement national
L’étude de Lars Feld suggère plusieurs solutions pour surmonter les défis budgétaires. Une des principales propositions est d’impliquer les investisseurs privés dans des projets d’infrastructure via des fonds dédiés. Ce modèle pourrait alléger la charge financière de l’État tout en accélérant la modernisation des infrastructures.
En parallèle, l’État pourrait accorder des pouvoirs d’emprunt supplémentaires aux entreprises d’infrastructure dans lesquelles il détient des participations. Cela permettrait de lever des fonds nécessaires pour les travaux urgents sans alourdir le bilan public.
De son côté, le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a récemment proposé de créer un fonds d’investissement national pour soutenir l’économie. Ce dispositif permettrait aux entreprises allemandes de bénéficier d’une déduction fiscale ou d’un remboursement direct par l’État équivalent à 10 % de leurs investissements. Cette mesure vise à encourager le secteur privé à investir massivement dans des projets d’infrastructures et de modernisation industrielle, contribuant ainsi à redynamiser l’économie allemande.
Des infrastructures en déclin, un impact sur la compétitivité
Le déclin des infrastructures pourrait avoir des conséquences néfastes non seulement sur l’économie allemande, mais aussi sur sa compétitivité internationale. L’Allemagne est un centre névralgique pour le transport et le commerce en Europe. Un réseau routier et ferroviaire performant est essentiel pour maintenir son rôle de locomotive économique du continent.
De plus, avec la pression croissante pour atteindre des objectifs ambitieux en matière de transition énergétique, tout retard dans les investissements nécessaires pourrait compromettre la capacité du pays à tenir ses engagements climatiques et à conserver son leadership dans les technologies vertes.
Un besoin urgent d’actions concrètes
L’Allemagne se trouve à un tournant crucial. Si elle veut maintenir son statut de puissance économique et répondre aux défis du futur, des investissements massifs dans ses infrastructures sont indispensables. Le rapport de Lars Feld souligne l’urgence de la situation et la nécessité d’agir rapidement pour éviter un déclin prolongé.
Cependant, la question clé reste de savoir comment financer ces investissements alors que le pays est confronté à des contraintes budgétaires sévères. L’implication des investisseurs privés, la création d’un fonds d’investissement national, et la révision de certaines règles budgétaires pourraient offrir des solutions viables. Il est désormais essentiel que le gouvernement allemand prenne des mesures concrètes pour revitaliser ses infrastructures et garantir un avenir prospère à son économie. algerie24.net
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