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La « Cour de Gaza » à Istanbul : un tribunal symbolique pour juger les crimes commis dans l’enclave palestinienne

Les travaux de la Cour de Gaza, un tribunal symbolique international, se sont poursuivis ce samedi à Istanbul, dans le cadre de la session finale dédiée à l’examen des crimes commis contre les Palestiniens dans le secteur de Gaza.
Cette initiative indépendante, lancée à Londres en novembre 2024 par des juristes, des universitaires et des organisations civiles, vise à dénoncer l’échec du système international à faire appliquer le droit humanitaire à Gaza.


Des experts dénoncent le silence international

Les discussions de la journée ont porté sur le mutisme du système international face aux crimes israéliens et sur la responsabilité de certaines puissances dans le maintien du blocus.
Des experts comme Ardi Imseis (Université Queen’s, Canada), Darryl Li (Université de Chicago), Craig Mokhiber (avocat international) et Mary Kaldor (London School of Economics) ont vivement critiqué l’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU et le recours systématique au veto américain.

Selon Ardi Imseis, Israël tente de démanteler l’UNRWA, « dernier espoir des réfugiés palestiniens ». Darryl Li a, quant à lui, affirmé que le souvenir de la Shoah est instrumentalisé pour justifier la dépossession du peuple palestinien. Tous ont réclamé une pression populaire mondiale pour forcer les institutions internationales à agir.


Témoignages bouleversants de journalistes tués à Gaza

Une session intitulée « La cible : les journalistes » a diffusé des vidéos enregistrées par des journalistes palestiniens avant leur mort.
Parmi eux figuraient Mohamed Qreiqeh et Hossam Shabat, reporters d’Al Jazeera tués lors des bombardements israéliens.
Dans leurs témoignages, ils évoquaient les menaces constantes subies par la presse à Gaza et les dangers extrêmes encourus pour documenter les massacres.

Mohamed Qreiqeh rappelait que plus de 220 journalistes avaient perdu la vie depuis octobre 2023.
Hossam Shabat, de son côté, affirmait que « porter une caméra à Gaza équivalait à une mission suicidaire », dénonçant le silence du monde face à ces exécutions.


Les activistes du « Flottille de la liberté » témoignent

Lors d’une autre session, intitulée « Flottille de la liberté et résistance civile », des militants ayant participé à des expéditions humanitaires vers Gaza ont livré des récits poignants.
La militante turque Sumeyye Sena Bulat a décrit les violences physiques et verbales subies après l’interception de leur navire en mer.
« La flottille symbolisait la volonté des peuples libres de combler le vide laissé par l’inaction des gouvernements », a-t-elle déclaré.

Sa compatriote Yasemin Acar a souligné que la cause palestinienne est avant tout humanitaire, appelant à poursuivre la résistance civile face à Israël et à ses alliés.


Vers un verdict symbolique

Présidée par le professeur Richard Falk, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens, la Cour de Gaza rendra son verdict final dimanche à l’Université d’Istanbul.
Le jugement, bien que symbolique, devrait accuser Israël de crimes de guerre et de génocide commis entre 2023 et 2025.

Selon les estimations présentées pendant les audiences, plus de 68 000 Palestiniens ont été tués et 170 000 blessés, la majorité étant des femmes et des enfants.

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