24/11/2024

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Irak : Troisième vendredi de manifestations et de nouvelles victimes

Bagdad (AFP) – Des milliers de manifestants se sont rassemblés en Irak pour un troisième vendredi consécutif de mobilisation contre leurs dirigeants, de leur côté déterminés à se maintenir et à en finir avec un mouvement de contestation qui paralyse des infrastructures vitales.

Au total, près de 300 personnes, en majorité des manifestants, ont péri et des milliers ont été blessés dans des violences et lors de rassemblements depuis le début le 1er octobre du mouvement, inédit par son caractère spontané, son ampleur et sa longévité.

“Le poste de (Adel) Abdel Mahdi (le Premier ministre, ndlr) signifie plus pour lui que le sang des Irakiens”, a lancé un dignitaire tribal venu de Nassiriya, à 300 km au sud de Bagdad, pour manifester sur l’emblématique place Tahrir de la capitale.

En fin de journée, des affrontements ont opposé les forces de sécurité aux manifestants, au lendemain de la mort de six personnes dans des heurts la veille.

Des unités de l’armée ont tiré des gaz lacrymogènes sur des groupes de manifestants le long de la rue al-Rachid, l’une des avenues les plus célèbres de Bagdad.

Le Premier ministre, un indépendant sans base partisane ou populaire, multiplie communiqués et réunions pour appeler les Irakiens à “retourner à la vie normale” et relancer l’activité économique, particulièrement dans le sud pétrolier paralysé par un large mouvement de désobéissance civile.

– Grenades meurtrières –

Dans le sud de l’Irak, à Bassora, province la plus riche en pétrole du pays mais aussi l’une des moins bien dotées en infrastructures et services, des affrontements ont forcé les autorités à refermer le port d’Oum Qasr, vital pour les importations, après quelques heures de réouverture.

Ailleurs dans le pays, les accès aux administrations et certaines installations pétrolières sont bloqués par des piquets de grève, tandis que les camions-citernes transportant environ 100.000 barils de pétrole destinés à l’exportation sont bloqués dans le nord du pays.

En dépit des violences, les manifestants assurent qu’ils resteront dans la rue jusqu’à obtenir le renouvellement d’une classe politique inchangée depuis la chute du dictateur Saddam Hussein il y a 16 ans.

“Nous devons entrer dans la Zone verte”, a lancé un manifestant à Bagdad, en référence au secteur de la capitale où siègent sous haute protection les autorités. “Nous annoncerons notre révolution populaire de là-bas, contre tous ceux qui nous ont volés: Adel Abdel Mahdi, Qaïs al-Khazali, Hadi al-Ameri!”, ajoute-t-il.

MM. Khazali et Ameri sont des hauts responsables du Hachd al-Chaabi, coalition paramilitaire dominée par des milices chiites proches de l’Iran qui a apporté son soutien au gouvernement après le déclenchement de la contestation.

Vendredi, une source au sein du Hachd a déclaré à l’AFP que cette force avait déployé des renforts par centaines pour protéger la Zone verte contre toute tentative de prise d’assaut des manifestants.

De la place Tahrir, la ligne de front s’est déplacée sur les ponts enjambant le fleuve Tigre. Manifestants et forces de sécurité se font désormais face sur quatre des 12 ponts de Bagdad. Des barrages de béton y ont été dressés par les policiers antiémeutes.

Ces derniers y tirent des grenades assourdissantes et lacrymogènes dix fois plus lourdes que la normale, qui ont déjà tué 16 manifestants selon l’ONU, fracassant des crânes ou des torses.

Les défenseurs des droits humains condamnent l’usage de ces grenades ainsi que les arrestations, enlèvements et intimidations de militants et de médecins par des forces que l’Etat assure jusqu’ici ne pas pouvoir identifier.