21/11/2024

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Irak : Indignation après des raids américains meurtriers contre des pro-Iran

Bagdad (AFP) – Bagdad menace de “revoir” ses relations avec Washington, des députés appellent à bouter ses soldats hors d’Irak et des manifestants brûlent ses drapeaux: la mort de 25 combattants pro-Iran dans des raids de représailles américains suscitait lundi l’indignation en Irak.

Le gouvernement s’est dit forcé de “revoir ses relations et son cadre de travail” avec Washington qui compte 5.200 soldats en Irak, pays qu’il a envahi en 2003 avant de s’en retirer en 2011 pour revenir à la tête de la coalition antijihadistes trois ans plus tard.

Aujourd’hui, après 25 morts dans des raids américains contre une faction pro-Iran intégrée aux troupes irakiennes et un sous-traitant américain tué dans la dernière d’une dizaine d’attaques à la roquette, les relations entre les deux alliés traversent de fortes turbulences.

Bagdad dit qu’il va convoquer l’ambassadeur américain, Washington répond que l’Irak n’a pas su “protéger” ses soldats et diplomates, présents “à (son) invitation”.

Car, pour les Américains, la menace la plus sérieuse aujourd’hui, ce ne sont plus les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) mais les combattants du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires anti-EI désormais intégrée aux forces irakiennes.

Ils accusent les brigades du Hezbollah, l’une des factions les plus proches de l’Iran au sein du Hachd, de plusieurs tirs de roquettes contre leurs intérêts et ont bombardé leurs bases pour “envoyer un message très clair sur l’importance que nous accordons aux vies américaines”, explique le secrétaire d’Etat adjoint chargé du Moyen-Orient, David Schenker.

“Les forces américaines ont agi en fonction de leurs priorités politiques et non de celles des Irakiens”, dénonce le gouvernement irakien. Celui-ci fait face depuis trois mois à une révolte dont le mot d’ordre est “On veut notre pays”, en réponse aux ingérences extérieures dans un pays où les politiciens s’accusent mutuellement d’allégeance à Washington, Téhéran, Ryad ou Istanbul.

Les raids des Etats-Unis font passer pour le moment au second plan la révolte inédite contre le pouvoir à Bagdad et son parrain iranien, qui semble jusqu’ici le grand vainqueur du jeu d’influence contre les Etats-Unis.

Dans la quasi-totalité des villes du sud du pays, des manifestants ont conspué Washington, brûlant ou piétinant des drapeaux américains.

Les brigades du Hezbollah ont annoncé des obsèques publiques mardi à Bagdad, près de la Zone verte où siège l’ambassade américaine, et celles-ci pourraient se transformer en démonstration de force.

Pour Téhéran, ces frappes montrent le “soutien au terrorisme” des Etats-Unis.

– “Dégager l’ennemi américain” –

En Irak, des dizaines de députés ont signé un appel pour que soit réexaminé l’accord de coopération américano-irakien encadrant la présence de 5.200 soldats américains dans le pays.

Les brigades du Hezbollah ont appelé à “dégager l’ennemi américain” tandis qu’une autre faction pro-Iran, Assaïb Ahl al-Haq, a jugé que la présence militaire américaine était devenue “une source de menace” qu’il fallait “tout faire pour expulser”. Et même les partis d’opposition, réputés proches de Washington, ont dénoncé les frappes américaines.

En soirée, le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a reconnu en avoir été informé peu avant qu’elles n’aient lieu par M. Esper.

“Nous avons essayé de prévenir des commandants”, a-t-il poursuivi, visiblement en vain, étant donné l’important bilan humain et les dégâts matériels.