21/11/2024

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Incident militaire entre Washington et Pékin

AFP – L’âpre guerre commerciale qui oppose la Chine et les Etats-Unis se double de tensions dans le domaine militaire, avec notamment un grave incident en mer de Chine méridionale le week-end dernier. Un navire de guerre chinois est passé à moins de 45 yards (41 mètres) du destroyer lance-missiles USS Decatur dimanche à proximité d’îles revendiquées par Pékin, une action que l’US Navy a qualifiée de “dangereuse et non professionnelle” et qui a forcé le navire américain à modifier sa trajectoire.

L’USS Decatur effectuait ce que l’armée américaine qualifie “d’opération pour la liberté de navigation” quand il est passé à moins de 12 milles marins des récifs Gaven et Johnson, dans l’archipel des Spratleys.


Cette distance est généralement admise comme constitutive de la limite des eaux territoriales d’une masse terrestre. Or les îles Spratleys sont revendiquées par Pékin, qui y a construit des infrastructures militaires, mais aussi par les Philippines et le Vietnam.

“La confrontation entre le destroyer chinois et l’USS Decatur a été la plus sérieuse à ce jour”, indique à l’AFP Timothy Heath, de la Rand Corporation. Elle “pourrait bien refléter la hausse des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Mais elle paraît aussi refléter une volonté croissante de Pékin de tester les Américains en mer de Chine méridionale”.

Pékin a fustigé l’opération de “liberté de navigation” du navire américain. Elle “menace gravement la souveraineté et la sécurité de la Chine, endommage gravement les relations entre la Chine, les États-Unis et leurs armées, et porte gravement atteinte à la paix et la stabilité régionales”, ont dit les autorités chinoises.

Il s’agissait du dernier d’une série d’incidents entre les deux pays depuis que le président américain Donald Trump est passé à la vitesse supérieure dans sa guerre commerciale avec Pékin, avec de nouveaux droits de douane américains sur des milliards de dollars de marchandises.

– Visite annulée –

La semaine dernière, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a annulé une visite prévue en Chine. Il devait rencontrer en octobre à Pékin son homologue Wei Fenghe pour des discussions axées sur la sécurité, mais le général chinois ne s’est pas rendu disponible.

En outre, des bombardiers B-52 américains ont survolé la semaine dernière des zones disputées de la mer de Chine, dans le cadre de ce que les Etats-Unis appellent “présence continue de bombardiers” dans la région, des opérations destinées à affirmer la présence américaine dans le Pacifique. La Chine avait vigoureusement protesté contre ces survols “provocateurs”.

Pékin a aussi fustigé un projet de vente d’armes américaines à Taïwan, annulé une escale de l’US Navy à Hong Kong et rappelé un amiral chinois en visite aux Etats-Unis. Et Washington a imposé des sanctions à la Chine pour l’achat d’armements russes, ce qui a provoqué la “grande indignation” de Pékin.

M. Mattis a reconnu qu’il y avait des “tensions” entre la Chine et les Etats-Unis mais il s’est voulu rassurant, affirmant qu’elles n’allaient “pas s’aggraver”.

Ce n’est pas la première fois que les relations entre la Chine et les Etats-Unis traversent des turbulences. Les échanges militaires entre les deux pays, et notamment les escales de leur marine dans les ports des deux pays, avaient été suspendus après une collision en plein vol entre un avion espion américain EP-3 et un chasseur chinois en 2001 au sud de la côte chinoise.

Au cours de cet incident qui avait provoqué une crise diplomatique majeure, le pilote chinois avait été tué et l’avion espion américain avait fait un atterrissage d’urgence sur l’île chinoise de Hainan. L’équipage y avait été détenu pendant 11 jours avant d’être libéré par les autorités chinoises.

Selon Bonnie Glaser, du Center for Strategic and International Studies (CSIS), les tensions entre les deux pays risquent fort de perdurer, car elles servent les objectifs de Donald Trump, qui a accusé la semaine dernière la Chine d’interférence dans les élections américaines.

“Tout ceci ressemble fort à une stratégie du président”, a indiqué Mme Glaser à l’AFP. “Il veut juste s’assurer qu’il fait pression sur la Chine autant que possible”