Gaza : une enquête de Reuters dément la version d’Israël sur l’attaque de l’hôpital Nasser
Le 25 août, l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de Gaza, a été frappé par plusieurs missiles israéliens. L’attaque a fait 22 morts, dont cinq journalistes palestiniens. Parmi eux figurait un collaborateur de Reuters. Cet épisode marquait l’un des jours les plus meurtriers pour la presse depuis le début de la guerre.
La version israélienne mise en doute
Dans les heures qui ont suivi, l’armée israélienne avait justifié la frappe en affirmant avoir détecté une « caméra du Hamas » utilisée pour surveiller ses mouvements. Cette explication avait été présentée par le Premier ministre Benyamin Netanyahu comme une preuve d’activité hostile. Mais plusieurs enquêtes indépendantes contredisent désormais ce récit.
Reuters prouve qu’il s’agissait d’un journaliste
Un mois plus tard, Reuters a révélé que la caméra visée appartenait en réalité à son propre journaliste, Hussam al-Masri, tué sur place. Des images d’un drone israélien, analysées par l’agence, montrent la caméra installée dans une cage d’escalier de l’hôpital. Contrairement aux affirmations de l’armée israélienne, il ne s’agissait pas d’un dispositif militaire.
Un tissu présenté comme une “preuve”
Pour appuyer sa thèse, l’armée israélienne avait souligné que la caméra était recouverte d’une “serviette”, ce qui avait éveillé ses soupçons. En réalité, Reuters a démontré qu’il s’agissait du tapis de prière vert et blanc du journaliste. Une photographie prise quelques jours avant l’attaque par la journaliste Mariam Abbu Dagga, également tuée ce 25 août, confirme ce détail. Des collègues expliquent que Hussam al-Masri recouvrait son matériel pour le protéger de la chaleur.
La méthode de la “double frappe” critiquée
Selon plusieurs témoins, une première frappe a touché l’hôpital, avant qu’une seconde ne s’abatte lorsque secours et journalistes étaient arrivés sur place. Cette méthode de la “double frappe”, dénoncée par le média israélo-palestinien +972, viserait à maximiser le nombre de victimes. Elle contredit la version israélienne d’une erreur opérationnelle.
Les réactions après l’enquête
Reuters indique que l’armée israélienne a fini par admettre que les soldats présents sur le terrain avaient agi sans autorisation directe du commandement central. L’Associated Press a mené de son côté une enquête similaire, confirmant également que la caméra appartenait à un journaliste, et non au Hamas.
Un lourd bilan pour la presse palestinienne
Depuis le début de la guerre, 250 journalistes ont perdu la vie à Gaza, selon le syndicat des journalistes palestiniens. Plusieurs organisations internationales dénoncent une stratégie systématique visant à intimider la presse et à criminaliser les reporters. L’attaque du 25 août, qui a coûté la vie à cinq journalistes en une seule frappe, reste l’un des symboles les plus marquants de ce drame.
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