23/11/2024

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Etats Unis : Un ex-ministre mexicain poursuivi pour trafic de drogue

AFP – L’ancien ministre mexicain de la Défense Salvador Cienfuegos (2012-2018), a été inculpé aux Etats-Unis de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, a-t-on appris vendredi auprès du procureur fédéral de Brooklyn.

Selon un document communiqué par cette instance, le général en retraite Cienfuegos, 72 ans, qui est détenu à Los Angeles depuis son arrivée sur le sol américain jeudi soir, devait être présenté vers 20H00 GMT à un juge fédéral de Los Angeles afin de lui signifier son inculpation.

Il est accusé d’association de malfaiteurs en vue de produire, importer aux Etats-Unis et distribuer de l’héroïne, de la cocaïne et de la méthamphétamine, ainsi que de blanchiment d’argent, sur une période allant de décembre 2015 à février 2017, alors qu’il était ministre, selon la même source.

Cette arrestation intervient en pleine campagne électorale américaine alors que chacun des partis fait les yeux doux à l’électorat hispanique américain composé de 36 millions de Mexicains ou de descendants de Mexicains.

Le réquisitoire de maintien en détention du procureur fédéral de Brooklyn, Seth DuCharme, chargé de l’enquête, stipule que Salvador Cienfuegos Zepeda, de son nom complet, a “permis au cartel H-2 (…) d’opérer en toute impunité au Mexique”.

Le cartel H-2 est présent dans les Etats mexicains de Sinaloa et de Nayarit. Il est qualifié par le procureur DuCharme d'”extrêmement violent”.

Le procureur dit être en possession de milliers de SMS montrant qu’en échange de pots-de-vin, l’ancien ministre s’est assuré qu’aucune opération militaire n’était menée contre le cartel.

Selon les mêmes éléments, Salvador Cienfuegos a permis à H-2 d’étendre le territoire de ses activités, a présenté des membres du cartel à d’autres officiels corrompus, et a communiqué à l’organisation des informations sur une enquête des autorités américaines.

Ces dernières informations auraient entraîné la mort d’un membre du cartel, assassiné car il était soupçonné d’être un informateur au service des Américains.

Le document de l’inculpation avait été versé au dossier en août 2019 mais était resté confidentiel jusqu’ici.

Peu avant, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) avait exprimé son irritation face à la gravité de l’incident.

“C’est déplorable qu’un ancien ministre de la Défense soit arrêté et accusé de trafic de drogue”, a souligné López Obrador lors de sa conférence de presse matinale quotidienne.

Le président, qui a placé les thèmes sensibles au Mexique de la violence, de la corruption et du trafic de drogue au coeur de son programme gouvernemental, a précisé qu’aucune investigation n’était en cours au Mexique sur l’ancien ministre.

Il a expliqué qu’il y a deux semaines, l’ambassade du Mexique aux États-Unis l’avait déjà informé qu’une enquête était en cours contre Cienfuegos, qui a été secrétaire à la Défense pendant toute la durée de l’administration dirigée par son prédécesseur, Enrique Peña Nieto (2012-2018).

– “rumeurs” –

López Obrador a jugé sans précédent cette arrestation à laquelle s’ajoute celle, en décembre 2019, de l’ancien secrétaire à la Sécurité publique mexicaine Genaro Garcia Luna, accusé d’avoir trempé dans le trafic d’au moins 53 tonnes de cocaïne vers les États-Unis et actuellement emprisonné à New York.

Interrogé par l’AFP sur l’éventualité d’une arrestation de Peña Nieto dans la foulée du général mexicain, Mike Vigil, ancien chef des opérations extérieures de la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine, chargée de la lutte contre le trafic de drogue, a estimé que “Cienfuegos dispose de suffisamment d’informations”.

Vigil, qui a été en poste au Mexique, a confié qu’il avait à l’époque entendu des “rumeurs” sur Cienfuegos lorsqu’il était secrétaire à la Défense, mais rien de concret.

Il a souligné que l’arrestation de Cienfuegos a pour origine des témoins au procès de Joaquín “El Chapo” Guzmán, détenu aux Etats-Unis.

Le parquet mexicain, interrogé, se refuse pour l’instant à tout commentaire dans cette affaire.

A partir de 2006, le gouvernement de Felipe Calderón a impliqué davantage l’armée mexicaine dans la guerre menée contre la drogue.

Cette implication, selon des organisations telles qu’Amnesty International, a été le déclencheur d’une spirale de violence. Depuis lors, plus de 296.000 meurtres ont été enregistrés au Mexique, la plupart liés au crime organisé, selon les chiffres officiels.

Pendant son mandat, le ministre s’était publiquement opposé à la participation active des militaires dans des tâches de sécurité intérieure et dans la lutte antidrogue, arguant qu’une telle participation n’avait aucune base légale.