20/04/2024

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En Ouzbékistan, la ville de Termez se réveille avec des talibans comme voisins

carte afghanistan

AFP-Les habitants de la ville de Termez en Ouzbékistan, à la frontière afghane, se sont réveillés dimanche avec les talibans comme nouveaux voisins, alors que les combattants islamistes sont aux portes du pouvoir en Afghanistan.

Les autorités ouzbèkes ont rapporté que 84 soldats afghans ont traversé au cours de la nuit un point de passage situé à proximité de Termez, paisible capitale régionale, pour fuir l’avancée des talibans après la chute de la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan.

Un autre groupe de soldats afghans s’est brièvement positionné sur un pont traversant la rivière Amou-Daria séparant les deux pays, avant de quitter « volontairement » la zone après des pourparlers, selon la même source.

Pour les quelque 200.000 habitants de Termez où les rues datent de l’époque soviétique, la perspective d’avoir les talibans à quelques kilomètres à peine de leur ville est devenue une source d’inquiétude majeure.

« Ils n’ont jamais été amicaux et il est peu probable qu’ils le deviennent », assure à l’AFP Safar Tourssounov, un habitant âgé de 66 ans.

« L’Ouzbékistan, dit-il, est un pays prospère, nous n’avons pas besoin d’avoir des voisins comme ça ».

Ces vingt dernières années, Termez a entretenu de bonnes relations commerciales avec l’Afghanistan voisin, couronnées par la ligne de chemins de fer reliant cette ville avec celle de Mazar-i-Sharif, à 100 kilomètres de là.

Mais l’Ouzbékistan a dû évacuer dimanche ses cheminots habitant du côté afghan de la frontière.

– « Inquiétudes » –

L’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan ont participé dans les années 2000 à la coalition contre Al-Qaïda et les talibans, abritant des bases militaires occidentales participant aux opérations déclenchées après les attentats du 11 septembre 2001.

Mais vingt ans après, les choses ont changé, et avec le retrait américain, le mouvement taliban a établi des contacts officiels avec le Turkménistan et l’Ouzbékistan.

Si les talibans assurent qu’ils ne menacent pas les autres pays d’Asie centrale, les ex-républiques de la région, qui ont subi dans le passé des attaques attribuées à des alliés des islamistes afghans, s’inquiètent d’éventuelles incursions sur leurs territoires et pour la sécurité des infrastructures régionales.

Olimjon Ousmonov, habitant de Termez, espère que le conflit afghan ne va pas déborder de frontières du pays.

« Nous avons confiance en nos forces armées. Je ne pense pas que les talibans attaqueront l’Ouzbékistan », ajoute ce jeune homme de 24 ans.

Près de 2.000 Afghans habitent à Termez, une présence souvent liée au commerce.

– « Nos enfants sont là-bas » –

L’un d’entre eux, Abdoulkadyr Hamidi, 70 ans, a confié à l’AFP ne plus dormir depuis des nuits à cause de la multiplication des victoires récentes des talibans.

« L’Ouzbékistan nous a donné l’opportunité de vivre ici, mais nos enfants et nos petits-enfants sont là-bas et nous sommes inquiets pour eux », reconnaît-t-il

« Chaque heure qui passe, la mort nous attend », ajoute-t-il.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux samedi soir semblaient montrer des dizaines de véhicules militaires ouzbèkes prendre position sur le « pont de l’amitié » séparant cette ex-république soviétique avec l’Afghanistan.

L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier cette présence, le point de passage étant contrôlé par des cordons de police situés à deux kilomètres de la frontière.