18/12/2024

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Birmanie: La contestation populaire persiste malgré la riposte de la junte militaire

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(Reuters) – Le mouvement de contestation contre le coup d’Etat militaire et l’arrestation de la dirigeante Aung San Suu Kyi s’est poursuivi lundi en Birmanie malgré le déploiement de véhicules blindés dans plusieurs villes du pays et l’élargissement des pouvoirs de l’armée face aux opposants.

Aung San Suu Kyi, qui n’est plus libre de ses mouvements depuis le putsch du 1er février, devait comparaître devant un tribunal ce lundi mais un juge a prolongé sa détention jusqu’à mercredi, a dit son avocat, Khin Maung Zaw. La dirigeante, dont la Ligue nationale pour la démocratie (LND) a remporté une victoire écrasante aux élections législatives de novembre, est accusée d’avoir importé illégalement six talkies-walkies.

Le coup d’Etat du 1er février a déclenché le plus important mouvement de contestation en Birmanie depuis plus de 10 ans et le début de la transition d’un pouvoir militaire à un régime civil.

La répression n’a pour l’instant pas été aussi violente que par le passé mais les forces de l’ordre ont tout de même ouvert le feu dimanche pour disperser des manifestants réunis devant une centrale électrique dans le nord du pays. On ignore si elle a tiré des balles réelles ou en caoutchouc et aucune victime n’a été signalée.

Outre les manifestations organisées quotidiennement dans de nombreuses villes à travers le pays, l’armée est confrontée à un mouvement de désobéissance civile se traduisant par une grève des fonctionnaires.

Plus d’une dizaine de véhicules de police, dont quatre équipés de canons à eau, ont été déployés lundi près de la pagode Sule dans le centre de Rangoun, l’un des principaux points de ralliement des contestataires dans la plus grande ville du pays, tandis que des manifestants se réunissaient devant le siège de la banque centrale et l’ambassade de Chine.

Devant la banque centrale, plusieurs centaines de manifestants rassemblés dans le calme et brandissant des pancartes appelaient les employés à rejoindre le mouvement de désobéissance civile.

Des véhicules blindés ont aussi été déployés dimanche à Myitkyina, dans le nord du pays, et à Sittwe, dans l’ouest.

LE CODE PÉNAL DURCI

A Naypyitaw, la capitale, la police a arrêté une vingtaine d’étudiants qui manifestaient en bord de route. Sur des images diffusées par l’un d’entre eux sur les réseaux sociaux, on peut les entendre scander des slogans hostiles au coup d’Etat tandis qu’ils sont emmenés dans un autocar de la police.

Des médias ont aussi diffusé des images de manifestants pacifiques dans les rues de Naypyitaw brandissant des portraits d’Aung San Suu Kyi.

La dirigeante, âgée de 75 ans, a déjà passé près de 15 ans en résidence surveillée avant l’ouverture de l’armée à un pouvoir civil au début de la décennie 2010.

Lors d’une audition par visioconférence avec un juge, elle a demandé si elle pouvait être assistée d’un avocat, a dit Khin Maung Zaw à Reuters.

Il n’a pas été possible de joindre le nouveau gouvernement ni l’armée.

Cette dernière a procédé à des arrestations nocturnes et s’est octroyée samedi des pouvoirs étendus en matière de fouilles et d’arrestations. Au moins 400 personnes ont été arrêtées depuis le coup d’Etat, selon l’Association d’aide aux prisonniers politiques.

L’armée a aussi amendé le code pénal dimanche afin de réprimer la contestation, avec notamment des peines de 20 ans de prison pour incitation à la haine contre le gouvernement ou les militaires, tandis que des habitants ont fait état d’une coupure d’internet durant la nuit.

« C’est comme si les généraux avaient déclaré la guerre au peuple », a réagi sur Twitter le rapporteur spécial des Nations unies, Tom Andrews.

« Des raids nocturnes; de plus en plus d’arrestations; davantage de droits supprimés; une nouvelle coupure d’internet; des convois militaires pénétrant dans les communautés. Ce sont des signes de désespoir. Attention généraux: vous SEREZ tenus responsables. »

Plusieurs ambassades occidentales, notamment celles de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne ou encore du Canada, ont publié dimanche soir un communiqué demandant aux forces birmanes de « s’abstenir de toute violence contre les manifestants et les civils, qui dénoncent le renversement de leur gouvernement légitime ».