21/11/2024

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Aigle Azur : Dans l’attente d’un repreneur, les avions sont cloués au sol

AFP – En cessation d’activité et dans l’attente d’un repreneur, la compagnie Aigle Azur cloue tous ses avions au sol vendredi soir au risque de laisser des milliers de passagers bloqués, un casse-tête pour le gouvernement français qui cherche à les rapatrier et s’active pour trouver un repreneur.

Si 44 vols devaient être encore assurés vendredi, les clients d’Aigle Azur devront ensuite se débrouiller.

“Ma mère est coincée à Bamako et le billet coûte 2.816 euros !”, se désole Madina, écran de téléphone à l’appui. A l’aéroport d’Orly, les passagers de la compagnie aérienne sont fatalistes et tentent de trouver des solutions à moindre coût.

Même désarroi à l’aéroport d’Alger pour les clients en quête d’une solution pour les vols à partir de samedi.

“Personne ne veut nous donner d’explications. Aigle Azur se contente de nous demander d’attendre”, se lamente Fatia Saadoun, une Algérienne de 49 ans arrivée à l’aéroport à 3h du matin. Assise sur ses bagages, elle ne peut contenir ses larmes.

Dans une situation financière critique, la compagnie ne pourra dédommager personne ni assurer le rapatriement de voyageurs dont le vol retour a été annulé.

“Si vous effectuez un vol retour après le 6 septembre 2019, et ce quel que soit l’aéroport de départ, ce vol est annulé. Vous serez contraint d’acquérir un autre billet retour”, a expliqué la compagnie dans un message à ses clients.

“Ce sont plusieurs milliers de personnes qui sont bloquées aujourd’hui”, notamment “en Algérie et au Mali”, a reconnu vendredi matin le secrétaire d’Etat français aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari qui organisait une réunion vendredi soir avec les parties prenantes sur la question du rapatriement.

Plusieurs compagnies dont Air France, Vueling et Transavia proposent des tarifs spéciaux notamment sur des vols vers l’Algérie ou le Portugal pour les clients Aigle Azur sans solution.

Air France a par ailleurs précisé ajouter une dizaine de vols supplémentaires d’ici lundi à destination et au départ d’Alger, avec des avions de plus grande capacité, et augmenter la capacité de ses vols depuis et à destination de Bamako

Dans une situation critique, Aigle Azur doit trouver un repreneur d’ici à lundi pour ne pas sombrer.

Sa trésorerie en Algérie – 15 millions d’euros – est notamment difficile à rapatrier, ce qui n’arrange pas ses affaires.

– “Une offre principale” –

Du côté du gouvernement français, on assure effectuer toutes les démarches possibles.

En déplacement à Strasbourg, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a évoqué vendredi “une offre principale” de reprise, sans toutefois dévoiler l’identité de ce repreneur potentiel.

“Il y a une offre principale sur laquelle nous travaillons” mais “je ne peux pas vous en dire plus parce que je souhaite qu’elle aboutisse et que je ne veux pas affaiblir les discussions qui sont en cours”, a-t-il déclaré à la presse. D’autres offres “sérieuses” sont “envisageables” et “sur la table”, a-t-il affirmé.

“Il y a deux ou trois offres sérieuses qui sont à l’étude en lien avec les services de Bercy (…) avec l’objectif lundi d’avoir des offres de reprises analysées et expertisées et possiblement y donner suite”, a abondé M. Djebbari vendredi soir à Clermont-Ferrand.

Quelques noms de repreneurs circulent, au premier rang desquels Air France.

Lionel Guérin et Philippe Micouleau, anciens dirigeants du groupe Air France, selon des sources syndicales, ou encore le nom du groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, ont été évoqués.

“Nous poussons très fort une solution de reprise basée sur Air France, qui serait actionnaire minoritaire disposant d’une minorité de blocage, avec Lionel Guérin qui prendrait les rênes et des investisseurs et les salariés qui entreraient au capital”, explique Martin Surzur, président du syndicat de pilotes SNPL d’Aigle Azur.

La CFDT, premier syndicat au sein de la compagnie, plaide elle pour une reprise en main complète d’Aigle Azur par Air France.

“Pour réussir à vendre des billets d’avion, il faut redonner confiance aux clients. Si la compagnie est reprise par Air France, les billets se vendront tout de suite”, espère Raphaël Caccia, secrétaire général de la branche secteur aérien de la CFDT selon qui la compagnie française travaillerait à finaliser une offre.

La compagnie, qui emploie quelque 1.200 personnes, possède plusieurs atouts qui pourraient séduire un repreneur éventuel, selon ses salariés, et en particulier des droits de trafic vers l’Algérie qui en font un acteur incontournable vers cette destination.

Avec ses 11 avions, Aigle Azur a transporté 1,88 million de passagers en 2018, année pendant laquelle elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.