21/11/2024

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Syrie: les rebelles pro-Ankara abattent un hélicoptère de l’armée

Damas (AFP) – Un hélicoptère de l’armée syrienne a été abattu vendredi dans le nord-ouest de la Syrie et son équipage tué, deuxième crash du genre cette semaine sur fond de tensions entre Ankara et Damas, qui poursuit sa progression meurtrière face aux jihadistes et rebelles.

Depuis décembre, le pouvoir de Bachar al-Assad, appuyé par son allié russe, a repris son offensive dans le nord-ouest syrien contre l’ultime grand bastion des jihadistes et des rebelles, malgré les avertissements du voisin turc.

Cette progression sur le terrain s’accompagne de violents bombardements qui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ont tué vendredi huit civils, dont trois enfants. Cinq des victimes sont mortes lors de frappes russes sur le village de Maarata, près de la ville d’Atareb, dans la province d’Alep.

La Turquie et ses supplétifs syriens, déployés dans le nord-ouest, tentent d’entraver l’avancée du régime, qui contrôle désormais près de la moitié de la province d’Idleb.

Un hélicoptère de l’armée a ainsi été touché vendredi “par un missile ennemi près d’Orum al-Kobra”, secteur “où sont déployés des groupes terroristes armés soutenus par la Turquie”, selon une source militaire citée par l’agence officielle syrienne Sana.

Le tir ayant causé le crash a été revendiqué par une alliance de groupes rebelles pro-Ankara, le Front national de la libération (FNL).

La source de l’agence Sana n’a pas donné de bilan précis, indiquant seulement que l’équipage de l’hélicoptère avait été tué. L’OSDH a pour sa part fait état de deux pilotes tués et imputé le crash à un missile des forces turques.

Les autorités turques n’ont pas commenté.

Ankara, qui soutient des groupes rebelles, maintient des troupes dans le nord-ouest syrien et y a envoyé des renforts ces derniers jours pour entraver l’avancée des forces gouvernementales.

Mardi déjà, un autre hélicoptère de l’armée syrienne avait été abattu par un tir également imputé par l’OSDH aux forces turques dans la province d’Idleb, voisine de celle d’Alep.

Les médias turcs avaient imputé le crash aux groupes rebelles syriens pro-Ankara.

– Base militaire reconquise –

Illustrant les tensions entre Damas et Ankara, des affrontements d’une violence inédite ont opposé début février les soldats turcs aux forces syriennes dans le nord-ouest.

Damas martèle son intention de reprendre l’intégralité de la province d’Idleb, sa dernière grande bataille stratégique à l’heure où le pouvoir contrôle plus de 70% du pays.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent plus de la moitié de la province d’Idleb ainsi que des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

Des groupes rebelles et d’autres factions jihadistes moins influents sont également présents dans ces zones.

Vendredi, les forces du régime ont repris la localité d’Orum al-Kobra dans l’ouest d’Alep après avoir reconquis la base 46, située à 12 kilomètres à l’ouest de la ville d’Alep, au terme de “violents combats” contre les jihadistes et des rebelles, selon l’OSDH.

D’après l’Observatoire, les combats ont fait dans ces secteurs au moins 14 morts dans les rangs des forces du rgime, contre 19 dans le camp adverse.

Des forces turques s’étaient retirées jeudi de cette base, selon la même source.

Avant de tomber en novembre 2012 aux mains des rebelles, elle était l’une des dernières places fortes du régime dans le nord-ouest. L’AFP avait vu des insurgés s’y installer après de violents combats pendant lesquels quelque 150 soldats avaient été tués ou exécutés.

– Plus de 800.000 déplacés –

Désormais, la progression des prorégime a pour objectif d’établir “une ceinture de sécurité” autour d’une autoroute –reliant Alep à la capitale Damas– reprise dans son intégralité par le pouvoir cette semaine, d’après l’OSDH.

Les forces de Damas sont également à moins de 3 km de la ville d’Atareb, selon l’OSDH. Jeudi, un correspondant de l’AFP a pu filmer cette cité désertée par ses habitants après la progression au sol des prorégime et des bombardements meurtriers.

Depuis décembre, plus de 800.000 personnes ont été déplacées par les violences dans le nord-ouest, selon l’ONU. Plus de 380 civils ont été tués depuis la mi-décembre, selon l’OSDH.

Dans une déclaration commune, la France, la Belgique, l’Allemagne et l’Estonie, membres du Conseil de sécurité de l’ONU, ont exigé vendredi l’arrêt immédiat de l’offensive militaire syrienne.

Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.