28/03/2024

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Relance économique : les 27 divisés sur la relance économique après l’épidémie

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Bruxelles (AFP) – Les ministres européens des Finances cherchaient mardi à surmonter leurs divergences sur un plan de relance après l’épidémie de coronavirus, Berlin s’opposant à Rome et Madrid, partisans d’un effort financier sans précédent au prix d’une dette commune.

Cette réunion, qui a débuté à 16H00 (14H00 GMT), constitue un test décisif pour l’unité des 27 qui ne peuvent se permettre d’étaler une nouvelle fois leurs divisions, après l’échec d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement consacré à la crise le 26 mars.

Face à la pandémie, la réponse européenne devrait s’orienter sur trois axes, qui semblent avoir de bonnes chances d’être avalisés par les ministres: des prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie pour les entreprises et un soutien au chômage partiel.

Mais les pays les plus affectés par le virus continuent de réclamer la création d’un instrument de dette commun — sous la forme d’euro-obligations parfois appelées « coronabonds » ou « eurobonds » — face à la profonde récession annoncée. Et ils menacent de bloquer un accord.

« Les eurobonds représentent une réponse sérieuse et adaptée à la crise que nous vivons », a insisté lundi soir le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, dont le pays est le plus touché en Europe (plus de 16.523 morts et plus de 132.000 cas).

C’est l’Italie, confrontée à l’opposition des pays du Nord de l’Europe (Allemagne et Pays-Bas en tête), qui avait déjà, avec Madrid, entraîné l’échec du sommet consacré à la riposte de l’Union fin mars.

– « Fonds de relance » –

Juste avant la réunion, le président de l’Eurogroupe, Mario Centeno, a appelé les ministres « à prendre un engagement clair en faveur d’un plan de relance coordonné et de grande envergure » après l’épidémie, sans aller jusqu’à évoquer l’idée d’une dette commune.

Le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, s’est dit prêt, avant la visioconférence, à s’engager pour « l’après-crise », évoquant une « reconstruction » de « manière solidaire ».

Mais la mutualisation des dettes constitue une ligne rouge pour son pays, ainsi que pour les Pays-Bas: les deux pays refusent de s’engager dans un emprunt commun avec des Etats très endettés comme l’Italie ou l’Espagne, qu’ils jugent laxistes dans leur gestion.

La France espère pour sa part offrir un compromis, en proposant un « fonds de relance » ou « de solidarité », capable d’émettre de la dette commune aux Etats membres, mais limité aux services publics essentiels, comme la santé, ou aux filières menacées.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire exige que cette « option » soit « mentionnée » dans les conclusions des ministres, quitte à ce qu’elle soit détaillée plus tard.

Ce sera le cas, « d’une manière ou d’une autre », afin d’éviter un blocage, répond une source européenne.

Mais la formule pourrait être suffisamment vague pour qu' »à la fin, chacun puisse dire: les « coronabonds » sont toujours là. Ou pas. Et le débat se poursuivra », anticipe un diplomate.

– « Inadapté » –

Plutôt que de débattre sur une hypothétique dette commune, les pays du Nord préfèrent pour l’instant se concentrer sur les instruments déjà existants pour contrer le choc économique, en particulier le Mécanisme européen de stabilité (MES), doté d’une force de frappe de 410 milliards d’euros.

Créé en 2012 lors de la crise de la dette de la zone euro, le MES pourrait octroyer des prêts à un Etat en difficulté allant jusqu’à 2% de son PIB, avec des contreparties plus limitées qu’à l’habitude.

Rome juge cependant ce fonds « inadapté », M. Conte résumant sa position de façon tranchée: « MES non, eurobond oui ».

La Banque européenne d’investissement (BEI) devrait également être à la manoeuvre, via un fonds de garantie paneuropéen, doté de 25 milliards d’euros, qui permettrait de mobiliser jusqu’à 200 milliards d’euros supplémentaires pour les entreprises.

Les ministres devraient aussi valider le plan de la Commission européenne visant à créer un instrument pour garantir jusqu’à 100 milliards d’euros les plans nationaux de chômage partiel, renforcés ou créés en raison de l’épidémie.

Leurs propositions devront encore être soumises aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE.