23/11/2024

Algérie24.net

Les News en toute liberté sans buzz

L’US Navy déploie pour la première fois une nouvelle “petite” arme nucléaire

Washington (AFP) – Les Etats-Unis ont annoncé mardi avoir déployé pour la première fois une arme nucléaire de faible puissance à bord d’un sous-marin, affirmant vouloir ainsi dissuader la Russie d’utiliser des armes similaires.

“L’US Navy a déployé la tête nucléaire de faible puissance W16-2 sur un missile balistique lancé depuis un sous-marin”, a indiqué dans un communiqué le numéro deux du Pentagone, John Rood.

“Des adversaires potentiels, comme la Russie, pensent qu’utiliser des armes nucléaires de faible puissance leur donnera un avantage sur les Etats-Unis et leurs alliés et partenaires”, a ajouté M. Rood, qui confirmait ainsi des informations d’un groupe d’experts, la Federation of American Scientists (FAS).

Lors de la publication de la nouvelle “posture nucléaire” des Etats-Unis en février 2018, le Pentagone avait prévenu qu’il allait modifier une cinquantaine de têtes nucléaires pour en réduire la puissance et les embarquer à bord de sous-marins afin de répondre à une menace perçue de la Russie.

Selon Washington, Moscou est en train de moderniser un arsenal de 2.000 armes nucléaires tactiques, menaçant les pays européens à ses frontières et contournant les obligations du traité de désarmement New START.

Ce dernier ne comptabilise que les armes stratégiques servant de fondement à la doctrine de la dissuasion, basée sur la “destruction mutuelle assurée”.

Ces armes nucléaires tactiques, d’une puissance inférieure à la bombe d’Hiroshima, permettraient à Moscou de reprendre l’avantage sur les Occidentaux en cas de conflit, car Washington hésiterait à répliquer avec une arme nucléaire de pleine puissance, beaucoup plus dévastatrice.

Selon Washington, la Russie craint en effet d’être rapidement dominée en cas de conflit conventionnel avec les Occidentaux. Pour compenser, Moscou a adopté une doctrine “escalade-désescalade” qui consisterait à faire usage en premier d’une arme nucléaire de faible puissance, aux effets plus limités.

Le déploiement américain de la première arme nucléaire de ce type est destiné à “renforcer la dissuasion” et à donner aux Etats-Unis une capacité de réponse “rapide et moins mortelle”, ajoute M. Rood dans son communiqué.

– “Une arme dangereuse” –

Il “démontre à des adversaires potentiels qu’un usage limité de l’arme nucléaire ne présente aucun avantage parce que les Etats-Unis peuvent répondre de façon crédible et décisive à toute menace”, précise-t-il.

La tête nucléaire W76-2, qui a une charge explosive estimée à 5 kilotonnes, a été déployée fin 2019 à bord du sous-marin USS Tennessee, qui patrouille dans l’Atlantique, affirmaient la semaine dernière deux experts de la FAS, William Arkin et Hans Kristensen.

C’est trois fois moins que les 15 kilotonnes de la bombe d’Hiroshima, et très peu comparé aux autres armes nucléaires embarquées à bord des sous-marins américain du type de l’USS Tennessee, dont la puissance est de 455 ou 90 kilotonnes, précisaient-ils.

Mais loin de rassurer, le fait que ces armes nucléaires sont moins puissantes inquiète, car il augmente la probabilité qu’elles puissent un jour être employées.

“Certains considèrent que cette tête nucléaire est une réponse à la stratégie russe dite de “l’escalade-désescalade” qui va renforcer la dissuasion et rendre moins probable l’utilisation de l’arme nucléaire, d’autres affirment au contraire qu’elle va rendre l’utilisation de l’arme nucléaire par les Etats-Unis plus probable et augmenter le risque d’une guerre nucléaire”, concluait le mois dernier un rapport du service de recherche du Congrès.

Pour les experts du Bulletin of the Atomic Scientists, cette nouvelle tête nucléaire est “une arme dangereuse basée sur une mauvaise réflexion stratégique”.

Si un sous-marin américain est amené à tirer un missile armé d’une charge réduite, l’ennemi n’aura aucun moyen de savoir la puissance de l’arme qui se dirige vers lui, ce qui posera un “problème de discrimination”: l’ennemi risque de prévoir le pire et répliquer par une arme nucléaire de pleine puissance, expliquent-ils.

Cette nouvelle arme nucléaire est déployée alors que le président Donald Trump vient de lever les restrictions imposées depuis 2014 à l’armée américaine sur l’usage des mines antipersonnel, autorisant l’utilisation d’une nouvelle génération de ces engins supposés capables d’épargner les populations civiles.