La fuite de Bachar al-Assad vers la Russie marque un événement historique majeur, mettant fin à un règne de 24 ans et à près d’un demi-siècle de domination familiale en Syrie. Les détails de son départ révèlent une planification secrète, des décisions unilatérales et une absence totale de coordination avec ses proches et ses collaborateurs.
Fuite sous le signe de la discrétion
Selon plusieurs témoignages recueillis par l’agence Reuters, Bachar al-Assad n’a prévenu ni ses ministres, ni ses proches collaborateurs, ni même son frère cadet Maher al-Assad, commandant de la 4e division blindée. Le jour de sa fuite, il a informé environ 30 responsables de la défense et de la sécurité que l’appui militaire russe était imminent, exhortant les forces terrestres à résister. Pourtant, au lieu de rentrer chez lui, il s’est dirigé vers l’aéroport.
D’après un proche collaborateur, Assad a appelé sa conseillère médiatique, Bouthaina Chaabane, et lui a demandé de se rendre à sa résidence pour préparer un discours. Mais à son arrivée, la maison était vide. Le chef de l’Initiative arabe pour la réforme, Nadim Houry, a affirmé que « Assad n’a montré aucune résistance » et qu’il « a laissé ses partisans affronter leur destin seuls ».
Départ précipité et scénario de fuite
Le 8 décembre, Assad a pris un vol non détecté par les radars après la désactivation des transpondeurs de l’appareil. Le vol a quitté Damas alors que les forces d’opposition entraient dans la capitale syrienne. Le trajet l’a conduit à la base militaire de Hmeimim à Lattaquié, sous contrôle russe, avant son transfert vers Moscou.
Pendant ce temps, son frère Maher al-Assad a pris un hélicoptère vers l’Irak, avant de rejoindre la Russie. Des membres clés de la famille Assad, notamment ses cousins Iyad et Ihab Makhlouf, ont tenté de fuir par la route vers le Liban, mais ils sont tombés dans une embuscade tendue par les forces de l’opposition. Iyad a été blessé, tandis qu’Ihab a été tué.
Le rôle de la Russie et de l’Iran
Les efforts de Bachar al-Assad pour obtenir le soutien militaire de la Russie et de l’Iran ont échoué. Lors d’une visite à Moscou le 28 novembre, il a sollicité l’aide militaire du Kremlin, mais celle-ci lui a été refusée. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rappelé que la priorité de la Russie était le conflit en Ukraine.
Le 2 décembre, il a reçu le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, mais les forces d’opposition avaient déjà pris le contrôle d’une grande partie de la ville d’Alep. Deux hauts responsables iraniens ont confirmé que l’Iran n’était pas prêt à déployer des troupes au sol, craignant que cela ne déclenche des frappes israéliennes contre ses positions en Syrie.
Conséquences de la fuite
Cette fuite soudaine a mis fin à 50 ans de règne de la famille Assad. Les vidéos du domicile de Bachar al-Assad montrent des signes de départ précipité, avec des aliments laissés sur le feu et des albums photos de famille abandonnés. Les trois enfants d’Assad, ainsi que son épouse Asma, étaient déjà à Moscou au moment de son arrivée.
Selon un responsable de la sécurité régionale, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a joué un rôle crucial dans la coordination de la fuite d’Assad, sollicitant l’aide de la Turquie et du Qatar pour assurer un passage sûr.
La fuite de Bachar al-Assad représente un épisode marquant de l’histoire syrienne, symbolisant l’effondrement de son régime et la fin d’une ère de domination familiale. Sa décision de partir dans la discrétion, abandonnant ses proches et ses collaborateurs, laisse un vide politique à Damas. Ce départ pose des questions sur l’avenir du pays, la transition du pouvoir et les responsabilités des acteurs régionaux dans cette phase cruciale de l’histoire syrienne.
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