28/03/2024

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L’auteur d’une fusillade sur une base navale américaine était en contact étroit avec Al-Qaïda

US ARMY

Washington (AFP) – L’auteur d’une fusillade sur une base navale américaine était en contact étroit, depuis des années et jusqu’à la veille de l’attaque, avec l’organisation jihadiste Al-Qaïda, ont indiqué lundi les autorités fédérales qui ont réussi à récupérer les données cryptées de ses téléphones.

Militaire saoudien en formation aux Etats-Unis, Mohammed al-Shamrani, 21 ans, avait ouvert le feu le 6 décembre dans la base de Pensacola en Floride, faisant trois morts et huit blessés avant d’être abattu par la police.

Lors de l’attaque, il avait pris le temps de tirer sur un de ses téléphones pour le détruire, sans y parvenir. Les enquêteurs, qui avaient saisi un autre appareil, avaient alors demandé au groupe Apple de les aider à décrypter les données, mais avaient essuyé une fin de non recevoir.

Finalement « grâce à l’ingéniosité de techniciens » du FBI, ces téléphones ont livré leurs secrets: le tireur avait « des liens importants » avec le groupe jihadiste Al-Qaïda « avant même d’arriver aux Etats-Unis », a révélé le ministre américain de la Justice Bill Barr lors d’une conférence de presse.

Il était radicalisé depuis au moins 2015 et son attaque est « le résultat d’années de planification et de préparation », a précisé le directeur du FBI Christopher Wray.

Début février, la fusillade avait été revendiquée par le groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) mais rien, jusqu’ici, ne permettait de dire si le tireur saoudien était juste inspiré par le groupe ou s’il avait été en contact direct avec ses membres.

Juste après cette revendication, le fondateur d’Aqpa Qassim al-Rimi, avait été « éliminé » par les Etats-Unis lors d’une opération au Yémen. D’après Bill Barr, les données recueillies dans les téléphones d’al-Shamrani ont servi dans cette intervention.

« Ma conclusion c’est que l’heure est venue pour une solution législative » qui contraigne les grands groupes technologiques à « mettre la sécurité du public avant les dollars », a déclaré le ministre qui a fait de l’accès aux données des suspects de crime un de ses chevaux de bataille.

– Testament –

Mohammed al-Shamrani avait échafaudé son plan depuis des années et était resté en contact avec des agents d’Aqpa pendant tout son séjour américain « jusqu’à la veille de l’attaque », a pour sa part souligné M. Wray.

« Il ne s’est pas juste coordonné avec eux en termes de planification et de tactique, il les a aussi aidés à tirer le maximum de profit des meurtres » en enregistrant un testament à des fins de propagande, a relevé le chef du FBI.

Pour le centre de réflexion New America, il s’agit de la première attaque meurtrière sur le sol américain menée aussi étroitement avec Al-Qaïda depuis les attentats du 11 septembre 2001.

Depuis l’effondrement des tours jumelles du World Trade center, des jihadistes ont tué 107 personnes aux Etats-Unis, mais le plus souvent après s’être radicalisés seuls sur internet.

La fusillade de Pensacola présente un autre point commun avec les attentats de 2001: 15 des 19 pilotes qui avaient détourné des avions et provoqué la mort de quelque 3.000 personnes étaient des Saoudiens.

A nouveau, l’Arabie saoudite, un proche allié de Washington, s’était empressée de prendre ses distances avec le tireur. Dans un appel au président Donald Trump, le roi Salmane avait condamné un crime « abominable » et assuré que son auteur ne représentait pas son peuple.

Washington avait ensuite annoncé le renvoi de 21 militaires saoudiens, sur les quelque 850 en formation aux Etats-Unis, parce qu’ils avaient publié ou consulté des « contenus offensants » sur les réseaux sociaux, « jihadistes », « anti-américains » ou de nature pédophile.

Le FBI n’avait toutefois trouvé « aucune preuve d’une collaboration ou de la connaissance préalable de l’attaque » par d’autres militaires en formation aux Etats-Unis.

Les pilotes saoudiens présents dans le pays avaient pu reprendre leur entraînement à la fin février avec des mesures de sécurité plus stricte (pas le droit de posséder des armes, accès restreint à certaines zones de la base…)

« En se fondant sur les éléments recueillis par le FBI, et en complément des mesures de protection déjà mises en oeuvre, le ministère va prendre de nouvelles mesures de prudence », a annoncé lundi le ministre de la Défense Mark Esper cité dans un communiqué.