20/04/2024

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Jordanie : La solution n’est pas dans nos porte-feuille disent les manifestants

Amman (AFP) – La colère ne faiblit pas en Jordanie, où une grève a été observée mercredi à l’appel de syndicats toutefois à la peine au moment de canaliser des manifestants déterminés à aller jusqu’au bout pour faire tomber le projet décrié de réforme fiscale.

Avocats en robe, enseignantes venues en groupe, médecins avec leurs enfants… Ils étaient plus d’un millier rassemblés devant le siège des syndicats à Amman, sous une chaleur écrasante, clôturant la grève qui s’est tenue de 09H00 (06H00 GMT) à 14H00 (11H00 GMT).

« J’ai peur pour mon avenir », « Je n’ai plus les moyens », pouvait-on lire sur des feuilles blanches, écrites parfois à la main. Certains manifestants brandissaient des galettes de pain, d’autres des drapeaux jordaniens.

« C’est la première fois de ma vie que je participe à des manifestations et je suis surprise de voir que les gens me ressemblent, sont bien habillés, ne sont pas des voyous qui veulent tout casser! », explique en riant Linda, 35 ans, professeure d’anglais dans un lycée privé de la capitale.

La démission lundi du Premier ministre et l’appel du roi Abdallah II à une « révision complète » du projet de loi sur l’impôt sur le revenu n’ont pas suffi à dissiper les craintes et griefs.

La principale revendication reste le retrait pur et simple du texte au Parlement.

« Ce projet de loi est une catastrophe, il va entraîner dans la précarité ce qu’il reste des classes moyennes! », s’indigne Tarek, un avocat de 45 ans, père de deux enfants.

S’exprimant pour la première fois sur le sujet depuis sa désignation lundi, le Premier ministre Omar al-Razzaz s’est engagé « à dialoguer avec les différentes parties et à travailler avec elles ». Il a exprimé sur Twitter son souhait de « parvenir à un système fiscal juste pour tout le monde ».

Quelques heures plus tôt, le président de la confédération syndicale Ali al-Abbous avait demandé aux manifestants de « donner une chance au gouvernement », qui doit encore être formé, « de mener un dialogue national autour du projet ».

Cette déclaration avait aussitôt été accueillie par des huées des manifestants, qui l’ont empêché de terminer son discours.

– « C’est inacceptable ! » –

« C’est inacceptable! Nous ne dialoguerons avec le gouvernement qu’après le retrait du projet », clame Saad, 27 ans, étudiant en pharmacie.

Autour de lui, les applaudissement fusent. « Ils ont vendu » notre cause, crie en choeur la foule, forçant M. Abbous à interrompre son discours.

Le président de la confédération syndicale a plus tard assuré à la télévision que son propos avait été mal compris, et que la principale revendication -à savoir le retrait du projet de loi- restait inchangée.

« Il faut simplement donner du temps au gouvernement pour répondre », a-t-il argué.

Le texte prévoit une augmentation entre 5% et 25% des impôts pour les particuliers et impose les personnes ayant un salaire annuel supérieur à 8.000 dinars (environ 9.700 euros).

Des manifestations rassemblant des centaines de personnes ont de nouveau eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Les protestataires se retrouvent quotidiennement depuis une semaine, après le coucher du soleil, lorsque le jeûne est rompu en ce mois de ramadan.

– Bouée de sauvetage –

Le gouvernement « doit procéder à une révision complète de la fiscalité » de manière « à stopper l’imposition (…) injuste qui ne répond pas (au besoin) d’équité » entre classes sociales, avait indiqué mardi Abdallah II.

Il a nommé le même jour M. Razzaz, jusque-là ministre de l’Education, comme nouveau chef du gouvernement, en remplacement de Hani Mulqi.