21/11/2024

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Iran : Des manifestants attaquent une école religieuse, tensions croissantes

AFP – Des manifestants iraniens ont attaqué une école religieuse dans une province proche de Téhéran, après plusieurs jours de protestations contre les difficultés économiques à l’approche du rétablissement des sanctions américaines. Alors que l’Iran sort à peine de plusieurs années d’isolement après un accord nucléaire conclu en 2015 avec les grandes puissances, l’administration américaine de Donald Trump, hostile à Téhéran, a décidé de se retirer de cette entente jugée insuffisante et de rétablir les sanctions contre ce pays à partir de mardi.

Les Iraniens, usés par une crise économique endémique qui attise la colère contre le système politique, craignent une aggravation de la situation marquée par la chute de la monnaie iranienne, le rial, qui a perdu environ deux tiers de sa valeur en six mois.

Vendredi soir, “environ 500 manifestants ont attaqué une école religieuse, tentant de briser ses portes et de brûler des objets”, a rapporté samedi l’agence de presse Fars, proche des conservateurs, en citant le directeur de l’école d’Ishtehad dans la province de Karaj.

Ils “sont arrivés avec des pierres et brisé toutes les fenêtres de la salle de prière, scandant des slogans contre le régime”, avant d’être dispersés par la police anti-émeutes, a-t-il ajouté en faisant état d’arrestations.

Ces derniers jours, des manifestations rassemblant des centaines de personnes ont eu lieu dans plusieurs grandes villes comme Chiraz (sud), Ahvaz (sud-ouest), Machhad (nord-est) et Karaj.

Les autorités n’ont pas donné de détails sur ces protestations, mais les médias conservateurs ont mis l’accent sur les attaques contre des établissements symboliques, comme les édifices religieux.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux mais dont l’origine n’a pas pu être identifiée ont aussi montré des manifestations dans des villes touristiques comme Ispahan (centre) ainsi qu’à Téhéran jeudi. Sur certaines images, des slogans radicaux comme “Mort au dictateur” sont scandés.

– Chômage, hausse des prix –

L’agence Fars a confirmé des protestations pacifiques dans “cinq à six villes” depuis mardi contre les coupures d’eau, la hausse des prix et le chômage, avec “quelque 1.000 à 2.000 protestataires dans la rue”. Mais “un groupe de gens s’est faufilé parmi les manifestants pour crier des slogans politiques comme “Mort au dictateur”, a-t-elle dit.

Cela fait partie, selon l’agence, d’un complot planifié par les Etats-Unis, Israël et l’Arabie saoudite, pays ennemis de Téhéran, pour exploiter les tensions économiques en Iran.

Les médias étrangers sont interdits de couvrir les manifestations “non autorisées”, donc il est impossible de vérifier ces informations.

Quoi qu’il en soit, les images des protestations suggèrent que ces manifestations n’ont pas l’ampleur des troubles de décembre et janvier, quand au moins 25 personnes avaient été tuées dans des protestations qui avaient agité des dizaines de villes.

Mais avec l’accroissement des tensions, le gouvernement du président modéré Hassan Rohani, un des parrains de l’accord nucléaire, fait aussi face à l’opposition des conservateurs et des responsables religieux qui critiquent son rapprochement de l’Occident et l’accusent de gouverner seulement pour les riches.

Le site d’information conservateur Qom News a publié une vidéo d’une manifestation à Machhad après la prière de vendredi, au cours de laquelle un dignitaire religieux accuse des responsables politiques de “ne pas se soucier des problèmes du peuple”.

“La plupart ont deux passeports et leurs familles vivent à l’étranger. La justice doit les retrouver et les arrêter”, a-t-il lancé devant la foule.

– “Pression maximale” –

L’accord historique de 2015 qui a mis fin à douze années de tensions autour du dossier nucléaire iranien a permis une levée progressive et conditionnelle des sanctions contre l’Iran en échange de garanties que Téhéran ne se dotera pas de l’arme atomique.

Mais le retrait unilatéral en mai des Etats-Unis de l’accord a changé la donne. Washington dit vouloir exercer une “pression maximale” sur l’Iran à travers de sanctions qui seront mises en place à partir du 7 août et du 5 novembre.

La première phase des sanctions touchera les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que les achats dans le secteur automobile et l’aviation commerciale en Iran. La seconde concerne le secteur pétrolier et gazier et la banque centrale.

Evitant de peu le retour des sanctions, la compagnie aérienne Iran Air a annoncé la réception dimanche de cinq nouveaux avions d’ATR.

Ces appareils sont fabriqués par le constructeur européen Airbus et l’italien Leonardo-Finmeccanica, mais un peu plus de 10% de leurs pièces sont conçues aux Etats-Unis, ce qui les soumet aux sanctions.

L’isolement économique empêchait, entre autres, l’Iran de renouveler sa flotte d’avions vieillissante qui selon lui mettait des vies en danger.

Bien que de petites entreprises étrangères se soient engagées à contourner les sanctions américaines, des multinationales comme les françaises Total et Peugeot et l’allemande Siemens ont annoncé leur intention de se retirer.