28/03/2024

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En 2020 l’AIEA a trouvé des traces d’uranium sur deux sites en Iran

centrale nucléaire

VIENNE/PARIS (Reuters) – L’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) a découvert l’an dernier des particules d’uranium sur deux sites en Iran auxquels elle n’avait pas pu avoir accès pendant plusieurs mois et elle s’apprête à dénoncer le manque d’explication de Téhéran, a-t-on appris auprès de diplomates.

Cette découverte, et l’absence d’explication jugée satisfaisante de la part de la République islamique, pourrait compliquer les efforts pour relancer l’accord de Vienne de 2015 dont Donald Trump, alors président, a retiré les Etats-Unis.

Même si les sites où ont été trouvées ces particules sont considérés comme inactifs depuis près de vingt ans, les détracteurs de l’accord de 2015, en premier lieu Israël, jugent que toute preuve d’activités nucléaires non déclarées montre que l’Iran n’agit pas de bonne foi.

L’ambassadeur de l’Iran auprès de l’AIEA, Kazem Gharibabadi, a refusé de s’exprimer sur le sujet, de même que l’agence onusienne elle-même.

« Nous n’avons rien à cacher », a déclaré un responsable iranien. « C’est pourquoi nous avons autorisé les inspecteurs à visiter ces sites. »

L’Iran a donné jusqu’à la semaine prochaine au nouveau président américain Joe Biden pour lever les sanctions rétablies par son prédécesseur Donald Trump, sous peine de mettre fin aux inspections inopinées de l’AIEA acceptées dans le cadre de l’accord de 2015.

Cette menace coïncide avec la publication attendue la semaine prochaine du rapport trimestriel de l’AIEA sur les activités nucléaires de l’Iran.

Sept diplomates ont déclaré à Reuters que l’agence allait saisir cette opportunité pour dénoncer l’absence d’explications satisfaisantes de Téhéran sur la présence de particules d’uranium sur deux sites non déclarés. Ces critiques pourraient soit figurer dans le rapport trimestriel soit dans une annexe publiée le même jour.

Les services de renseignement américains et l’AIEA pensent que l’Iran a mené un programme d’armement nucléaire secret jusqu’en 2003, ce que Téhéran dément. Malgré l’accord de 2015 encadrant ses activités en échange de la levée des sanctions internationales, l’Iran est toujours censé expliquer ses activités passées non déclarées à l’AIEA.

« RÉPONSES INVRAISEMBLABLES »

Les particules d’uranium ont été découvertes lors d’inspections effectuées en août et septembre sur deux sites auxquels l’Iran avait bloqué l’accès pendant sept mois.

Le Wall Street Journal a rapporté ce mois-ci que du matériau radioactif avait été découvert dans les échantillons prélevés sur les deux sites, sans en préciser la nature.

Quatre diplomates suivant de près les travaux de l’AIEA ont dit à Reuters qu’il s’agissait d’uranium, ce qui contraint l’Iran à fournir des explications puisque, selon son degré d’enrichissement, l’uranium peut avoir un usage civil ou militaire.

L’Iran est censé rendre compte de tout l’uranium qu’il possède afin que l’AIEA puisse vérifier qu’il ne le détourne pas pour un éventuel programme d’armement.

Deux des sources ont dit que l’uranium trouvé l’an dernier n’était pas enrichi. Sa présence suggère néanmoins l’existence d’activités ou de matériau non déclarés sur ces sites.

Cinq diplomates ont rapporté que l’Iran n’avait pas fourni de réponse satisfaisante lorsque l’AIEA lui a demandé des explications.

Selon deux d’entre eux, l’Iran a déclaré à l’agence onusienne que ces traces étaient la conséquence d’une contamination par des équipements radioactifs transférés en provenance d’autres sites mais les vérifications de l’AIEA n’ont pas confirmé cette hypothèse.

Un diplomate informé de ces échanges a déclaré que Téhéran avait fourni des « réponses invraisemblables » correspondant à une « tactique dilatoire typique ».

L’agence soupçonne que l’un des sites servait à convertir de l’uranium, une étape de transformation du matériau avant son enrichissement, et que l’autre était destiné à des essais d’explosifs.

Ces diplomates s’interrogent sur une éventuelle condamnation de l’Iran par le conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui doit se réunir la semaine suivant la remise du rapport.

Plusieurs d’entre eux soulignent les efforts actuellement entrepris, notamment par l’Union européenne, pour ramener les Etats-Unis dans l’accord de 2015, dont l’Iran s’est lui-même progressivement affranchi après le retrait américain.

« Tout le monde attend les Américains », a dit un diplomate.