AFP – Les partis politiques au Chili ont conclu vendredi un accord historique au Parlement pour organiser un référendum en avril 2020 sur une nouvelle Constitution remplaçant celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, dans l’espoir d’apaiser la crise sociale qui secoue le pays depuis près d’un mois.
Plusieurs milliers de manifestants se sont toutefois réunis une nouvelle fois en fin d’après-midi sur Plaza Italia, au centre de Santiago, devenu le point de rassemblement emblématique de la contestation, désireux de ne pas relâcher la pression sur le gouvernement.
“Toute l’attention est sur la Constitution, mais il y a des choses plus urgentes, les retraites, l’éducation… Combien de temps avant que la nouvelle Constitution puisse résoudre ces questions ? Il faut faire quelque chose maintenant!”, a expliqué à l’AFP Raul Opazo, un professeur de 39 ans.
L’accord politique “ne résout rien, (les politiques) ont donné un calmant aux gens. Et nos revendications sociales, qu’en est-il ?”, renchérit Leslie, une femme de ménage de 27 ans.
Après plusieurs heures de négociations au Parlement dans la nuit de jeudi à vendredi, la coalition gouvernementale de droite du président Sebastian Piñera et les principaux partis d’opposition ont signé un “Accord pour la paix et la nouvelle Constitution” prévoyant un référendum en avril 2020.
Celui-ci comportera deux questions : l’une sur le remplacement ou non de la Constitution et l’autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger.
Cette seconde question devra déterminer quel organe rédigera la future Constitution, soit un “Congrès mixte” — idée soutenue par la coalition gouvernementale — composé à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, soit une Assemblée constituante intégralement composée de citoyens élus à cette fin — idée soutenue par l’opposition et réclamée par de nombreux manifestants.
– “Un nouveau pacte social” –
“C’est un premier pas historique et fondamental pour commencer à construire notre nouveau pacte social dans lequel la citoyenneté va tenir un rôle prépondérant”, s’est félicité le ministre de l’Intérieur, Gonzalo Blumel.
“Nous sommes heureux d’avoir pu conclure un accord qui marque une victoire contre la violence”, a assuré Jacqueline van Rysselberghe, présidente de l’Union démocratique indépendante (UDI, conservateur), pilier de la coalition soutenant le président Piñera.
“Oui, nous pouvons rêver d’une Assemblée constituante”, a réagi Catalina Pérez, présidente de Revolución Democratica (gauche radicale).
Sous pression d’une crise sociale qui n’a pas faibli depuis le 18 octobre, M. Piñera s’était dit ouvert samedi à des modifications constitutionnelles alors que durant les neuf premiers jours de protestation il avait déployé l’armée dans les rues pour la première fois depuis la fin de la dictature.
La contestation avait démarré pour protester contre une hausse du ticket de métro à Santiago et s’est vite transformée en une explosion sociale sans précédent dans ce pays sud-américain.
Parmi les revendications des protestataires figurait le remplacement de la Constitution héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), accusée de maintenir une société fortement inégalitaire.
Malgré sa portée historique, les analystes doutaient cependant de l’impact immédiat de l’accord pour résoudre rapidement la crise.
“L’accord représente l’occasion de construire un processus participatif pour la rédaction d’une nouvelle Constitution, mais je doute de l’impact à court terme de cet accord”, notamment pour les quartiers défavorisés “qui vivent avec une faible présence de l’Etat”, a déclaré à l’AFP Marcelo Mella, politologue à l’Université de Santiago.
– La Bourse bondit –
Approuvée en 1980 lors d’un référendum controversé en plein régime militaire, l’actuelle Constitution avait été faite sur mesure pour que les secteurs conservateurs de la société puissent se maintenir au pouvoir, y compris après la fin de la dictature.
La loi fondamentale, dont l’idéologue d’extrême droite Jaime Guzman a été assassiné en 1991 par un commando d’extrême gauche, a subi de nombreux amendements depuis la fin de la dictature.
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