21/11/2024

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kais Saeid Ghannouchi

AFP – La principale formation politique du Parlement tunisien a appelé au dialogue mardi, indiquant être prête à des élections anticipées après le coup de force du président Kais Saied, qui a notamment suspendu l’assemblée et limogé le Premier ministre.

“Nous avons décidé de militer pacifiquement pour faire échouer ce projet (du président Saied) et nous appelons le président à revenir sur cette décision”, a indiqué à l’AFP Noureddine B’Hiri, un dirigeant du parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Pour ce responsable, “le pays a besoin d’une solidarité nationale” et pas de “provoquer des affaires conflictuelles divisant la société (…) et qui isolent la Tunisie au niveau international”.

Dans un communiqué, Ennahdha s’est dit “prêt à la tenue d’élections législatives et présidentielle anticipées simultanées afin de garantir la protection du processus démocratique et d’éviter que tout retard ne serve de prétexte au maintien d’un régime autocratique”.

Mais avant de telles élections, il faudrait selon M. B’hiri “que le Parlement reprenne ses activités et que soit mis fin à son contrôle militaire”.

Le parti au pouvoir a également appelé à un dialogue national pour sortir le pays de ses crises: politique, sociale, économique et sanitaire.

Au lendemain de heurts entre partisans du président et opposants, la formation d’inspiration islamiste a appelé ses partisans à rester chez eux pour éviter toute violence.

Dimanche soir, le président Saied a ordonné la suspension des travaux du Parlement pour un mois, limogé le chef du gouvernement Hichem Mechichi et s’est octroyé le pouvoir exécutif. Il a ensuite limogé lundi deux ministres, dont celui de la Défense.

Au moment où le pays est frappé de plein fouet par une crise économique et sociale accentuée par un pic meurtrier de l’épidémie de Covid, ces décisions ont suscité l’inquiétude au sein de la communauté internationale, en particulier à Washington, Bruxelles et Paris.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a appelé mardi “au strict respect de la Constitution tunisienne (…) et à la promotion du dialogue politique”.

M. Saied a par ailleurs reçu les ministres des Affaires étrangères marocain et algérien, Nasser Bourita et Ramtane Lamamra, selon la diplomatie tunisienne, dont les communiqués n’ont fait aucune référence à la crise politique en cours.

– “Coup d’éclat” –

L’Union européenne a appelé au “rétablissement de la stabilité institutionnelle” dans le seul pays à poursuivre sa démocratisation après la vague de soulèvement des printemps arabes en 2011.

“L’ancrage démocratique du pays, le respect de l’Etat de droit, de la Constitution (…) doivent être préservés tout en restant à l’écoute des volontés et aspirations du peuple tunisien”, a déclaré mardi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans un communiqué.

Les initiatives de M. Saied ont été approuvées par nombre de Tunisiens, en colère contre le gouvernement notamment pour sa gestion de la crise liée au Covid, la Tunisie ayant l’un des taux de mortalité officiels les plus élevés au monde.

Mais d’autres ont fait part de leurs craintes d’un retour à la dictature, un peu plus de dix ans après le soulèvement populaire qui a mené à la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

“Coup d’Etat ou coup d’éclat”, titre mardi en une le journal francophone le Quotidien. “Le coup de pied donné par Kais Saied dans la fourmilière parlementaire a pris au dépourvu pas mal de monde.”

“Faut-il craindre pour la révolution?”, titre le journal La Presse, évoquant “le spectre de l’incertitude politique et de la banqueroute” dans ce pays du Maghreb en négociations avec le FMI pour un quatrième plan d’aide en dix ans.

Lundi, le chef du gouvernement démis Hichem Mechichi s’était dit prêt à céder le pouvoir au futur Premier ministre désigné par le président Kais Saied. Mais ce dernier n’a encore présenté ni nom ni feuille de route.

“Le président Saied sera très prudent dans le choix du futur chef du gouvernement parce qu’il veut une personne de confiance et loyale qui adopterait la même politique que lui”, souligne le politologue Slaheddine Jourchi. Ce futur “gouvernement de Saied” devra améliorer les conditions de vie des Tunisiens, estime-t-il.

Les problèmes profondément enracinés du chômage et de la dégradation des infrastructures publiques qui étaient à l’origine du soulèvement il y a dix ans n’ont jamais été résolus.

“Le président Saied est devant un grand défi: montrer aux Tunisiens et au monde qu’il a pris les bonnes décisions”, dit M. Jourchi.