28/03/2024

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Parmi les crânes recensés au musée de Paris, il y a 70 crânes de résistants de Zaâtcha

PARIS – Parmi les 536 crânes recensés au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, il y a 70 qui appartiennent aux résistants de Zaâtcha (Biskra), a indiqué lundi à l’APS le chercheur algérien Ali Farid Belkadi, estimant que leur existence dans ce musée est « un outrage dilatoire à la dignité humaine ».

« Les 70 crânes de Biskra, sont bel et bien ceux de résistants de Zaâtcha, qui furent décapités à la fin du siège de l’oasis par les soldats du corps expéditionnaire français », a précisé le chercheur en histoire et anthropologie, soulignant que « l’extrême infortune du triste et abject sort, réservé aux restes de nos glorieux héros au muséum, n’exclut pas l’intérêt que l’on peut légitimement porter aux vestiges de la préhistoire de l’Algérie ».

Pour lui, l’existence de ces restes au MNHN de Paris (ex-Musée de l’homme) est « un outrage dilatoire à la dignité humaine et l’une des expressions les plus abjectes, avilissantes et dégradantes de la présence française en Algérie ».

Par ailleurs, il a ajouté que tous ces restes mortuaires recensés n’appartiennent pas à des résistants, dont certains ossements concernent la préhistoire.

« La présence de ces crânes et de divers ossements en provenance d’Algérie est bel et bien établie et vérifiée dans la base de données du MNHN où figurent les +spécimens+ informatisés et non l’intégralité des collections qui restent encore à repérer et à cataloguer. Ce qui laisse présager que le côté caché de l’iceberg est bien plus affligeant que sa partie visible », a-t-il expliqué.

Parmi ces ossements, il précisé qu’un grand nombre de crânes ont été collectés à Khenchela, Djorf Torba (Béchar), une nécropole saharienne antéislamique, Sefar (près de Djanet), Bordj Pérez (Adrar). « Des squelettes entiers (El-Ménéa, Ghardaïa), Alger, Oran, El Kala ou encore Tébessa ne sont pas épargnés par cet engouement macabre qui consistait à entasser des restes humains algériens dans des tonneaux pour leur faire traverser la Méditerranée en direction du MNHN de Paris », a-t-il affirmé, ajoutant que d’autres ossements, collectés à Ternifine (Tighenif, Mascara) et Roknia (Guelma) appartiennent à la préhistoire et à la protohistoire de l’Algérie.

« Dans ce repaire barbare de l’horreur coloniale, on trouve aussi des touffes de cheveux, des humérus, des fémurs, des pelvis, des bustes, des membres supérieurs, des membres inférieurs, des squelettes et mandibule », a-t-il encore fait savoir.

Par ailleurs, Ali Farid Belkadi a souligné que le cas des crânes du site de Koudiet-Aty (Constantine), conservés au MNHN, est « particulier », dont il dit ignorer « s’il s’agit de crânes collectés lors de la prise de Constantine en 1837 ou bien s’ils appartiennent à des insurgés qui ont combattu les Français aux côtés du Cherif Boubaghla, qui fut lui-même décapité le 26 décembre 1854 ».

Il a expliqué que Koudiet-Aty fut le lieu choisi par les médecins-militaires et les collectionneurs français pour y entreposer les crânes des résistants algériens avant leur transport vers la France.

« Seules des recherches approfondies, dans les archives du muséum, permettront peut-être et si jamais elles sont tentées, de savoir s’il s’agit de crânes de résistants collectés par Edmond Vital, le médecin-chef de l’hôpital de Constantine, qui amassait les têtes des chefs de la résistance, dont celui de Cherif Boubaghla ou bien s’il s’agit de guerriers d’Ahmed Ben Mohammed Cherif, plus connu sous le nom d’El-Hadj Ahmed Bey, le dernier bey de Constantine, mort le 30 août 1851 et enterré au Mausolée de Sidi Abderrahmane à Alger », a-t-il dit. APS